2023-06-05 Des engins volants d’origine non humaine détenus par les Etats-Unis, selon des officiers américains

Mise à jour, 12/6/2023

L’information est tombée hier sur le site The Debrief, sous la plume des journalistes Ralph Blumenthal et Leslie Kean, déjà auteurs en décembre 2017 de l’article du New York Times ayant révélé l’existence d’un organe d’étude des OVNI / PAN au sein du Pentagone (l’AATIP). 

D’après David Charles Grusch, ancien représentant de l’Agence Nationale du Renseignement Géospatial (NGA) auprès de l’organe successeur de l’AATIP cité plus haut, des objets, jugés après analyse comme “d’origine exotique [cad provenant d’une] intelligence non humaine – extraterrestre ou inconnue” sont récupérés depuis plusieurs décennies – par le gouvernement et des sous-traitants américains et par leurs alliés à des fins militaires.

Si l’origine des dits objets reste inconnue, le journaliste Max Moszkowicz avance une hypothèse, dans un article du magazine Revu paru voici seulement quelques heures. L’un de ces objets proviendrait ainsi d’Italie, et, d’après les sources du journaliste néerlandais, l’engin aurait été rapatrié par les services américains après l’invasion de l’Italie en 1943.

Franc Milburn, analyste militaire britannique pour le Begin-Sadat Center de l’Université de Bar Ilan, évoquait déjà l’idée de développement d’armement issu de PAN par les Etats-Unis en 2021, dans son étude intitulée “Le développement américain de la technologie PAN: Un fait accompli ?”.

Le prototype Avro VZ-9 (1959-1961).Source: Wikimedia Commons, by SDASM Archives, No restrictions

Un Congrès maintenu à l’écart

Ces programmes, selon le lanceur d’alerte Grusch, se déroulent sans que le Congrès n’en ait connaissance, échappant à tout contrôle politique – il déclare d’ailleurs en outre avoir subi des représailles pour en avoir, justement, informé le Congrès. 

Ces déclarations fracassantes ne semblent pas avoir été faites à la légère par Grusch, qui, selon The Debrief, est allé jusqu’à saisir l’Inspection Générale du Renseignement, un organe chargé de veiller à la bonne gestion des services idoines. Le lanceur d’alerte a pour l’occasion dépêché les services d’un représentant de choix, en la personne… de l’ancien Inspecteur Général du Renseignement.

La démarche entreprise par Grusch auprès des autorités ne semble pas venue de nulle part, puisque le Congrès lui-même avait inclu au sein de la loi de financement de la Défense 2023 des dispositions encourageant tout lanceur d’alerte à venir témoigner de “toute activité ou tout programme d’un service ou d’une agence du gouvernement fédéral, ou d’un contractant de ce service ou de cette agence, concernant des phénomènes anormaux non identifiés, y compris en ce qui concerne la recherche et l’analyse de matériaux, [et] la rétro-ingénierie.”

La loi, signée par Joe Biden en décembre 2022, exige par ailleurs que soient établies des dispositions protégeant les membres de l’armée et de la communauté du renseignement voulant signaler d’éventuels actes répréhensibles – une exigence qui a peut-être décidé Grusch à oser s’exprimer.

Le climat général actuel semble propice à de telles révélations, puisque la NASA a, voici moins d’une semaine, tenu une réunion de travail publique sur l’enquête que mène actuellement le Groupe Indépendant d’Etudes des Phénomènes Anormaux Non identifiés (UAPIST); les deux chambres du Congrès ont chacune organisé une réunion publique sur le sujet en moins d’un an; Tim Burchett, représentant à la chambre du Tennessee, multiplie pour sa part les interventions médiatiques, affirmant lui-même l’existence de programmes en lien avec les PAN cachés au sein du gouvernement, et annonçant la tenue prochaine de nouvelles auditions publiques.

La sénatrice Kirsten Gillibrand par Gage Skidmore de Peoria, AZ, United States of America – Kirsten Gillibrand, CC BY-SA 2.0

La sénatrice Kirsten Gillibrand, co-autrice d’amendements de loi concernant les PAN, avait déclaré voici quelques semaines être à la disposition de tout lanceur d’alerte souhaitant témoigner sans crainte d’être dénoncé. La remarque de la Sénatrice, ainsi que l’ouverture d’une enquête auprès de l’Inspection Générale, semblent donner corps à l’inquiétude autour de pressions subies par les témoins voulant s’exprimer sur le sujet.

Ce n’est d’ailleurs pas la première enquête de ce genre ouverte par l’Inspection Générale, puisque celle-ci avait été saisie par l’ancien directeur de l’AATIP, Lue Elizondo, qui accusait sa hiérarchie de chercher à le décrédibiliser après sa démission du Département de la Défense en 2017 – une décision prise pour protester face à l’inaction de ses supérieurs sur le sujet des PAN. 

Programmes secrets: une accusation familière

Aussi frappante que soit l’accusation de Grusch, le lanceur d’alerte n’est pas le premier à évoquer l’existence de programmes secrets étudiant des engins d’origine non humaine. Ainsi, en 2018, le physicien Eric W. Davis, sous-traitant du Pentagone, déclarait au New York Times avoir, dès 2019, informé des personnels du Congrès de la récupération d’objets inexpliqués, et même avoir briefé une agence du Département de la Défense au sujet de « véhicules extraterrestres n’ayant pas été fabriqués sur cette Terre” en 2020. Garry Nolan, chercheur pour l’Université de Stanford, lors de la conférence Salt du mois dernier, déclarait pour sa part être en contact avec des personnes “ayant travaillé ou travaillant sur des programmes de rétro-ingénierie (…) d’engins écrasés.”

The Debrief précise que les déclarations de Grusch sont secondées par Jonathan Grey, officier du renseignement doté d’une habilitation Top-Secret, actuellement en poste au National Air and Space Intelligence Center (NASIC). Lui aussi affirme que les récupérations d’engins ne sont pas limitées aux Etats-Unis, et va même jusqu’à les qualifier de phénomène mondial. Mais Grusch va plus loin, affirmant qu’il s’agit là d’une véritable course aux armements, dérivée d’engins récupérés – parfois intacts, “débutée voici 80 ans.” 

Pour le lanceur d’alerte, le secret entourant ce sujet “empêche la population globale de se préparer” à une perspective potentiellement déstabilisante: un éventuel “contact avec une intelligence non humaine. »

Le témoignage de David Charles Grusch étonne tout particulièrement lorsqu’il précise que les alliés des Etats-Unis auraient également récupéré de tels engins. Pourtant, l’Armée de l’air de l’Australie, très proche de son cousin américain, déclarait encore en 2021 ne pas s’occuper des PAN. Quant à la France, si elle finance depuis les années 1970 son propre Groupe d’Etudes des PAN (le GEIPAN), elle n’a pas à ce jour indiqué avoir récupéré d’engins. 

Ceci étant, cette sortie de l’ancien membre du renseignement américain pourrait encourager d’éventuels témoins d’Australie, de France ou d’ailleurs, à oser s’exprimer, si de tels programmes existent en effet au sein de ces pays. Notons que, si aucune disposition spécifique en lien avec les PAN n’existe en France, les lanceurs d’alerte sont néanmoins protégés selon certaines conditions, sous l’égide de la Défenseure des Droits.

Le secret s’effrite (mise à jour du 12 juin)

Le 11 juin, une version d’une heure de l’interview inédite de David Grusch a été diffusée sur NewsNation, après les extraits de la semaine dernière.

À propos des objets anormaux qu’il prétend avoir récupérés, David Grusch insiste pour ne pas les qualifier spécifiquement d' »extraterrestres », mais plutôt d’intelligence non humaine (utilisant l’acronyme INH), afin de n’exclure aucune hypothèse.

« Je ne pense pas que nous disposions de toutes les données pour dire « oh, ils viennent d’un certain endroit ». (…) Peut-être viennent-ils d’une dimension physique différente, comme le décrit la mécanique quantique. (…) Ce n’est pas nécessairement extraterrestre, et [cela peut en fait provenir] d’un espace physique de dimension supérieure qui pourrait être co localisé. Ici même pour ainsi dire. »

Lorsqu’on lui demande pourquoi la population devrait lui faire confiance, Grusch admet n’avoir jamais vu d’engins de ses propres yeux, mais évoque « quelques photos intéressantes » et quelques « rapports très intéressants ». Il affirme également avoir fourni les preuves à l’inspecteur général, nous rappelant sa légitimité, ayant fait partie de la task force UAP (2019-2021). Il poursuit en évoquant la possibilité qu’on lui ait raconté des mensonges, citant les « personnes accréditées » qui sont venues le voir avec des « documents de programmes sensibles » :

« J’ai mis environ quatre ans, restant très méthodique, avant de déposer ma plainte pour dénonciation, afin d’être absolument certain de ces faits fondamentaux. »

« Pourquoi devrait-on vous faire confiance? »

Il explique ensuite que, bien que le public ne puisse pas accéder aux informations dont il dispose, en raison de leur caractère confidentiel, elles ont toutes été transmises à l’inspecteur général de la communauté du renseignement, qui a finalement jugé sa plainte « crédible » et « urgente ». Plus loin dans l’interview, il ajoute que de nombreuses vidéos de bonne qualité pourraient être publiées en passant par les systèmes de déclassification déjà en place.

Il en dit également plus sur les raisons qui l’ont poussé à se manifester :

« Je ne suis pas un employé mis au placard, j’ai démissionné de mon propre chef. (…) Il est complètement fou que l’humanité dans son ensemble ne bénéficie même pas d’une recherche d’ampleur sur ce sujet, afin de résoudre les problèmes de propulsion, d’énergie, [de s’attaquer aux] nouvelles sciences des matériaux qui peuvent améliorer la qualité de vie des gens. (…) Tout ce que je veux, c’est un moment de pause et ensuite voir si le sujet nous unit alors que nous sommes manifestement devenus plus divisés au cours des deux dernières décennies ».

Au sujet des opérations de récupération d’objets abimés, le lanceur d’alerte confirme la récupération partielle d’un OVNI en 1933 par l’Italie fasciste, et son transfert dix ans plus tard aux États-Unis avec l’aide… du Vatican. Il poursuit en expliquant que l’expertise de ces engins et technologies a été confiée à certains entrepreneurs privés, ce qui leur donnerait un avantage déloyal par rapport à leurs rivaux.

Il explique ensuite que le secret existe spécifiquement pour garder secrète la rétro-ingénierie et se retrouver avec un avantage technologique majeur sur les adversaires des Etats-Unis. Selon lui, il est probable que des témoins aient été réduits au silence pour protéger le secret, ajoutant qu’il y a bien eu une « campagne de désinformation sophistiquée visant la population américaine ».

La population civile n’est pas la seule à être soumise à la désinformation. Même l’AARO du ministère de la défense a vu son accès à l’information restreint pour ralentir les recherches sur les PAN. Son prédécesseur, l’UAPTF, s’est vu refuser l’accès à un vaste programme concernant la récupération d’appareils physiques récupérés après un crash ou retrouvés intacts au sol, selon M. Grusch.

En ce qui concerne les images militaires qui ont fait l’objet de fuites ces dernières années, le vétéran de l’armée de l’air affirme que si Gimbal n’est pas un avion à réaction, il pourrait s’agir d’un phénomène météorologique. Quant au célèbre UAP « Tic Tac »…

« Il s’agit d’une véritable anomalie. Véhicule technique, physique, et c’est absolument quelque chose que nous n’avons pas fait ».

Il en va de même pour la sphère capturée en infrarouge alors qu’elle descendait dans l’eau depuis le navire militaire Omaha lors des essaims californiens de 2019 : un autre engin « véritablement anormal ».

L’entretien se termine sur une note particulièrement sombre. Grusch explique qu’il existe une compétition permanente entre les différentes nations pour développer des technologies, ajoutant que les États-Unis ont tenté et développé des techniques pour abattre les PAN.

Dans une séquence qui fait froid dans le dos, et après avoir confirmé que les PAN semblent avoir désactivé des missiles nucléaires sur la base de l’Air Force de Malmstrom en 1967, Grusch reconnaît que l’INH « semble » avoir « à un moment donné » assassiné des êtres humains (selon les termes choisis par Ross Coulthart).

Interrogé sur les contacts présumés entre les gouvernements et l’INH, il répond, de manière assez énigmatique, choisissant manifestement ses mots avec soin :

« Je pense… Que c’est un siujet dont j’aimerais connaître tous les détails. »

Et Roswell?

« Je n’ai pas obtenu l’approbation pour parler de ces détails à ce stade. »

Il note cependant que le rapport final de 1994 compilé par l’armée de l’air (intitulé « Case closed ») montre des signes évidents de désinformation, indiquant que « des éléments supplémentaires ont été ajoutés au fil du temps » pour « expliquer certains événements ».

Image principale : Photo par SpaceX

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