2023-10-08 New York Times, décembre 2017

A l’origine de ce séisme de 2017, la journaliste Leslie Kean

Leslie Kean est une journaliste d’investigation indépendante, auteure et animatrice d’émissions de radio en freelance. Elle appartient à l’aristocratie américaine, tout comme Christopher Mellon, nous le verrons. Voici comme le journal The New Yorker la décrit: « Kean a grandi à New York, descendant de l’une des plus anciennes dynasties politiques du pays. Son grand-père Robert Winthrop Kean a servi dix mandats au Congrès; il a retracé son ascendance, du côté de son père, jusqu’à John Kean, un délégué de Caroline du Sud au Congrès continental, et, du côté de sa mère, à John Winthrop , l’un des fondateurs puritains de la colonie de la baie du Massachusetts . Elle parle de l’héritage de sa famille en termes plutôt abstraits, sauf lorsqu’elle parle de l’abolitionniste William Lloyd Garrison, l’arrière-grand-père de son grand-père, qu’elle considère comme une source d’inspiration. Son oncle est Thomas Kean, qui a servi deux mandats en tant que gouverneur du New Jersey et a ensuite présidé la Commission sur le 11 septembre ». Elle a fréquenté la Spence School et le Bard College, et a aidé à fonder un centre zen dans le nord de l’État de New York.

Elle a écrit des articles dans des dizaines de publications aux Etats-Unis et à l’étranger, dont le Boston Globe, le Philadelphia Inquirer, l’Atlanta Journal-Constitution, le Providence Journal, l’International Herald Tribune, le Globe and Mail, le Sydney Morning Herald, le Bangkok Post, The Nation, le Journal of Scientific Exploration et bien sûr le NY Times. Ayant passée plusieurs années à enquêter sur la Birmanie, elle a écrit en coauteure Burma’s Revolution of the Spirit : The Struggle for Democratic Freedom and Dignity (Aperture, 1994), et elle a fourni des contributions à nombre d’anthologies publiées entre 1998 et 2009. Leslie Kean a été aussi productrice et animatrice en direct pour un programme quotidien d’enquêtes sur la radio KPFA de la station Pacifica. En 2002, elle a cofondé la Coalition pour la Liberté de l’Information (CFi : Coalition for Freedom of Information), une alliance indépendante plaidant pour une plus grande ouverture de l’information sur les ovnis, et pour une couverture responsable par les médias, fondée sur une approche crédible et rationnelle. En tant que directrice du CFi, elle a été aussi plaignante, avec succès, dans un procès de quatre années contre la NASA en application de la Loi sur la Liberté de l’Information (FOIA). Kean a été productrice en 2009 du documentaire indépendant I Know What I saw, réalisé par James Fox. Elle était à l’époque la compagne d’un des chercheurs les plus prolifiques en matière d’enlèvement, Budd Hopkins. 

Elle est l’auteure de Surviving Death : A Journalist Investigates Evidence for an Afterlife (Crown Archetype, 2017) et UFOs: Generals, Pilots, and Government Officials Go on the Record (Crown Publishing Group, 2010), un New York Best-seller de l’époque. UFOs a été traduit en 9 langues supplémentaires et a servi de base à un documentaire de History Channel. Kean est productrice consultante pour la série documentaire de 2021 Surviving Death, une production originale de Netflix basée sur son livre. Elle a coécrit une série d’articles révolutionnaires sur les ovnis, le Pentagone et la marine pour le New York Times de 2017 à 2020. Leslie Kean était connue pour avoir ce qu’elle a appelé, empruntant au politologue Alexander Wendt, une approche « militante agnostique » du phénomène, selon les termes du New Yorker.

Image par Jacqui from Pixabay

Christopher Mellon

Le 4 octobre 2017, à l’invitation de Christopher Karl Mellon, Leslie Kean a été conviée à une réunion confidentielle dans le bar d’un hôtel haut de gamme à proximité du Pentagone. 

Christopher Karl Mellon (né le 2 octobre 1957), est un lobbyiste et capital-risqueur, retiré de la carrière administrative. Il a servi 20 ans au gouvernement fédéral. C’est un indépendant enregistré qui a servi les présidents et les sénateurs des deux partis. Il a été sous-secrétaire adjoint à la Défense pour le renseignement, 1999-2002, et pour les opérations de sécurité et d’information, 1998-99. De 2002 à 2004, il a été directeur du personnel minoritaire du Comité sénatorial spécial sur le renseignement. Récemment, Mellon a été consultant et contributeur de la série documentaire de la chaîne History, Unidentified : Inside America’s UFO Investigation. Il a donc travaillé activement auprès du Capitole et du Pentagone à des postes éminents et dispose d’un solide réseau. Issu d’une famille de l’élite américaine, il est le fils de Karl Negley Mellon et d’Anne Stokes Bright, et l’arrière-petit-fils du cofondateur de Gulf Oil, William Larimer Mellon. Son arrière-arrière-grand-père, Thomas Mellon, a fondé Mellon Bank of Pittsburgh.

Dans un article de mars 2022 publié par The Hill, Mellon a déclaré : « J’aborde le sujet PAN en tant que membre de deux groupes sérieux de chercheurs scientifiques, le projet Galileo et la Coalition scientifique pour les études PAN (SCU). Ces organisations de recherche ufologiques ont rassemblé des groupes de scientifiques compétents qui cherchent à faire progresser notre compréhension collective de ces anomalies. Ces efforts semblent maintenant être entravés par de nouvelles directives qui déplacent les critères de classification simplement parce que certains responsables du gouvernement américain n’aiment pas la surveillance et sont mal à l’aise à l’idée de partager des informations ».

Il poursuit : « puisque le DOD ne prétend pas rétroactivement que les vidéos « Gimbal », « Go Fast » ou « FLIR1 » elles-mêmes sont ou auraient dû être classifiées, ou que leur diffusion a porté atteinte à la sécurité nationale, par quelle autorité le DoD revendique-t-il le besoin ou le droit de classer les mêmes types d’informations à l’avenir ? ».

Dans le documentaire de James Fox, The Phenomenon, Chris Mellon a déclaré qu’il était la source qui a fourni au New York Times les célèbres vidéos d’OVNI qu’il a publiées en 2017. Il affirme avoir rencontré une source anonyme dans le parking du Pentagone et avoir reçu un paquet contenant les fameuses vidéos.

« J’ai reçu les vidéos, les désormais célèbres vidéos sur le parking du Pentagone d’un responsable du ministère de la Défense. J’ai toujours l’emballage », a déclaré Mellon. « C’est un cas où quelqu’un a un peu contourné les règles, et ils l’ont fait pour le bien de tous, et c’est sans conteste mieux pour tout le monde ». »

Lors du rendez-vous du 4 octobre 2017, Leslie Kean est accueillie par Hal Puthoff, enquêteur paranormal impliqué de longue date dans des programmes secrets gouvernementaux, et Jim Semivan, un officier à la retraite de la CIA, président d’une société de conseil, JimSem1, Inc. où il travaille avec la communauté du renseignement sur une variété de sujets classifiés. Il avait pris sa retraite de la direction des opérations de la Central Intelligence Agency après 25 ans de travail en tant qu’officier des opérations à la fois à l’étranger et aux Etats-Unis. Il était membre du Senior Intelligence Service de la CIA.

Image par Lara Jameson

Lue Elizondo & Tom Delonge

Leslie Kean rencontre alors Luis Elizondo qui vient de démissionner la veille de son poste de responsable de l’AATIP. Au cours des trois heures suivantes, elle est invitée à parcourir des documents prouvant l’existence de ce qui apparaît alors et jusqu’à preuve du contraire comme la première enquête gouvernementale sur les ovnis depuis la clôture du projet Blue Book, en 1970. 

Fils d’exilé cubain, Elizondo est né à Miami et est diplômé du Riverview High School de Sarasota en 1990, où il était membre du programme ROTC (Corps des Officiers de Réserve).

Au collège, il étudie la microbiologie, l’immunologie et la parasitologie, avant de rejoindre l’Armée où il sert pendant 20 ans au cours desquels il a dirigé des opérations de renseignement militaire en Afghanistan, en Amérique du Sud et au Camp Seven de Guantanamo Bay. En ce qui concerne sa carrière militaire, Elizondo a déclaré qu’il avait en charge des sujets aussi divers que les coups d’État, le terrorisme et les cartels de la drogue, mais relevant principalement de la sphère du contre-espionnage.

Lue Elizondo et Chris Mellon viennent de rejoindre To the Stars… Academy of Arts & Sciences (généralement raccourci par To the Stars ou l’acronyme TTSA), entreprise cofondée par Tom DeLonge (guitariste de Blink-182 et Angels and Airwaves) et ayant comme membres également l’ingénieur et parapsychologue Harold E. Puthoff, et Jim Semivan.

DeLonge, le président et chef de la direction de la société, présente ainsi TTSA dans un communiqué : « L’intérêt du public pour les limites extérieures de la science et la compréhension des phénomènes a toujours été étouffé par l’idéologie dominante et les contraintes bureaucratiques », « Nous pensons qu’il y a des découvertes à notre portée qui révolutionneront l’expérience humaine, mais elles ne peuvent être accomplies que grâce au soutien sans restriction de la recherche et de l’innovation révolutionnaires ».

The New Yorker poursuit :

« Kean se voit promettre les trois vidéos, ainsi que de la documentation les concernant, en échange d’un article à paraître dans le NY Times. Elle est pour le moins dubitative à propos de Tom DeLonge, lequel avait mentionné sur le podcast de Joe Rogan, sa conviction qu’à Roswell s’était écrasé un OVNI rétro-conçu en Argentine par des scientifiques nazis en fuite. Elle ne met cependant pas en doute les propos d’Elizondo. 

« Il était d’une gravité inouïe », témoignera Kean. Celle-ci contacte Ralph Blumenthal, un vieil ami et ancien du Times également biographe de John Mack, un psychiatre de Harvard et chercheur sur les enlèvements extraterrestres . 

« Blumenthal a envoyé un e-mail à Dean Baquet, le rédacteur en chef du journal, pour dire qu’ils voulaient présenter « un papier urgent, sensationnel et hautement confidentiel » dans lequel un « haut responsable du renseignement américain” qui avait “brusquement démissionné le mois dernier » avait décidé d’exposer « un programme très secret, longtemps mythifié mais maintenant confirmé”. Après une réunion avec des représentants du bureau de Washington, DC, le Times a accepté. Le journal a chargé une correspondante chevronnée du Pentagone, Helene Cooper, de travailler avec Kean et Blumenthal ».

Lue Elizondo, comme Christopher Mellon et Steve Justice, a quitté To the Stars fin 2020, en affirmant :

« Tom [DeLonge] est vraiment concentré sur le côté divertissement, donc il n’y a pas grand-chose à faire pour Chris, Steve et moi (…) Nos talents résident dans l’engagement des gouvernements, du Congrès et des organisations internationales, et nous sommes prêts à passer à la deuxième vitesse. Le divertissement est une façon de le faire, mais ce n’est pas suffisant ». 

C’est bien une initiative politique et citoyenne de divulgation que mènent ces nouveaux ufologues. L’histoire est en marche et l’impossible débat est en cours.

New Republic évoque ce mouvement puissant : 

« La couverture nationale de la spéculation autour des extraterrestres a culminé avec le mouvement viral [et infructueux] de septembre dernier [2019] « Storm Area 51, They Can’t Stop All of Us » pour pénétrer sur le site gouvernemental secret de tests, où les croyants disent que les autorités cachent leurs preuves liées aux aliens et aux soucoupes volantes. Au moment où le coronavirus a secoué le pays ce printemps, le Congrès a commencé à exiger des informations sur ce que la bureaucratie sait de la vie et de la technologie extraterrestre. Le sénateur de Floride Marco Rubio a déclaré au New York Times qu’il devait s’assurer que les vidéos de la marine ne montraient pas une technologie supérieure d’origine russe ou chinoise. Le chef de la majorité au Sénat à la retraite, Harry Reid, dont le Nevada natal comprend la zone 51, a déclaré au journal qu’il était au courant de rapports « qu’il y avait de véritables matériaux [OVNI extraterrestres] que le gouvernement et le secteur privé avaient en leur possession ». 

Nombre d’officiels et de chercheurs impliqués ont affirmé sous couvert d’anonymat la même chose à Kean et Blumenthal au cours de leur enquête. 

En 2019, Elizondo a été interviewé par Tucker Carlson sur Fox News, et a suggéré que le gouvernement avait des fragments d’un OVNI,  puis a rapidement invoqué son serment de sécurité.

Session spéciale du Sénat, Brésil

Développements récents

Eric Davis, ancien consultant de l’AAWSAP, qui travaille maintenant pour Aerospace Corporation, un sous-traitant du département de la défense, a déclaré qu’il avait donné un briefing classifié à une agence de ce département en mars 2021 à propos des récupérations de « véhicules venus d’ailleurs et non fabriqués sur cette Terre ». Il a déclaré qu’il avait également donné des informations classifiées sur les récupérations d’objets inexpliqués aux membres du personnel de la commission sénatoriale des forces armées le 21 octobre 2019, et aux membres du personnel de la commission sénatoriale du renseignement deux jours plus tard.

Le groupe de travail sur les phénomènes aériens non identifiés (UAPTF) a vu le jour au sein de l’Office of Naval Intelligence des États-Unis pour « normaliser la collecte et le signalement » des observations de phénomènes aériens non identifiés. Le programme a été détaillé lors d’une audition en juin 2020 de la commission spéciale du Sénat des États-Unis sur le renseignement. L’UAPTF a publié un rapport préliminaire en juin 2021. En juillet 2022, il a été annoncé que l’UAPTF serait remplacée en tant qu’organisation par un nouveau Bureau de résolution des anomalies tous-domaines (All-domain Anomaly Resolution Office – AARO). Des auditions publiques ont eu lieu au Sénat et à la chambre des représentants; les débats ont porté aussi sur l’impérative déstigmatisation des témoignages. Dans un effort pour protéger ceux qui ont des informations sur les phénomènes aériens non identifiés (UAP) et augmenter l’afflux de rapports à leur sujet, le représentant Mike Gallagher a introduit un amendement à la loi sur l’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2023 assurant aux employés du gouvernement et aux entrepreneurs, l’immunité contre les représailles pour avoir signalé des rencontres et des programmes d’OVNIS.

Des initiatives scientifiques comme le Projet Galileo ou la récente étude de la NASA se proposent d’étudier et de récolter des données publiques sur les ovnis.

Dans la foulée du mouvement de 2017, les forces d’autodéfense japonaises ont annoncé de nouvelles procédures permettant aux pilotes militaires de consigner les rencontres d’OVNI. 

Une analyse de 58 pages publiée par un groupe de réflexion conservateur sur la politique étrangère israélienne – le Begin Sadat Center for Strategic Studies – sur les phénomènes aériens inexpliqués (PAN) a décrit le saut quantique en cours dans les affaires militaires à la suite de l’étude des PAN et a évalué les implications stratégiques en termes de menaces potentielles émanant d’adversaires. 

Dans le sillage des Etats-Unis, le Sénat brésilien a organisé le 24 juin 2022 une audition consacrée aux phénomènes aériens non-identifiés afin d’aborder l’histoire de l’implication de l’armée brésilienne autour du phénomène ovni, ainsi que l’attention mondiale que le sujet a reçu ces dernières années. Parmi les événements historiques mis en évidence lors de l’audience, figure un incident survenu le soir du 19 mai 1986, impliquant des observations de 21 grands objets volants non identifiés au-dessus de São Paulo, Rio de Janeiro, Minas Gerais et Goiás. Certains des objets ont été estimés à 100 mètres de diamètre et ont été détectés par des radars du Centre intégré de défense aérienne et de contrôle du trafic aérien de l’armée de l’air brésilienne.

A l’initiative du Centro Ufologico Nazionale (CUN) basé en Italie et de l’International Coalition for Extraterrestrial Research (ICER), la République de Saint-Marin pourrait prochainement porter le sujet des ovnis à la tribune des Nations-Unies.

Image principale par Krzysztof Pluta pour Pixabay

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