2023-06-29 Pourquoi faire confiance à David Grusch?

À l’origine des programmes de récupération d’engins

En 1942, l’armée de l’air américaine et la CIA n’existent pas encore. En cette période de guerre, les États-Unis ne peuvent pas se permettre d’ignorer les rapports d’observations étranges, car il pourrait s’agir de prototypes soviétiques ou, pire, japonais ou allemands. En recueillant des rapports du renseignement militaire des deux fronts de la 2ᵉ Guerre Mondiale, ils se rendent rapidement compte qu’un phénomène similaire s’y produir. Des formes lumineuses interceptent les forces alliées, mais au lieu de les abattre, elles restent à courte distance, alors même que les bombardiers effectuent des manœuvres d’évitement. Elles semblent également invulnérables aux mitrailleuses, bien qu’apparemment inoffensives. Cela ne durera pas.

Page B de l’édition du 26 février 1942 du Los Angeles Times, sous Fair Use For Information

La bataille de Los Angeles

Le 25 février, trois mois après l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, la défense aérienne de Los Angeles déclenche 1 440 tirs de munitions antiaériennes qui n’ont eu que peu d’effet sur un supposé essaim d’engins venant de la mer. 

Le 28 février, 81 ans avant que les États-Unis n’abattent pour la première fois 3 objets non identifiés dans leur espace aérien territorial, le New York Times publie un article qui aurait pu être écrit aujourd’hui :

« Si les batteries de défense ne tiraient sur rien du tout, comme le laisse entendre le secrétaire d’État Knox, c’est le signe d’une incompétence et d’une nervosité coûteuses. Si les batteries tiraient sur de vrais avions, dont certains à 9 000 pieds d’altitude, comme le déclare le secrétaire d’État Stimson, pourquoi ont-elles été totalement inefficaces ? Pourquoi aucun avion américain ne s’est-il envolé pour les engager, ou même pour les identifier ? … Que se serait-il passé s’il s’était agi d’un véritable raid aérien ? ».

Même si cet objet s’avère d’origine conventionnelle, les conséquences et la perte de crédibilité du département de la guerre ne peuvent être sous-estimées, d’autant plus que cet événement, surnommé la « bataille de Los Angeles », s’est produit le lendemain d’un discours du président de l’époque, Harry Truman, dans lequel il déclarait que les États-Unis devaient « rejeter la politique de la tortue » et porter « la guerre à l’ennemi dans des terres et des eaux lointaines – aussi loin que possible de nos propres terres », une ironie de l’histoire s’il en est.

By Edward Steichen - U.S. Navy photo 80-G-K-15559, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=97926593
Photo par Edward Steichen – U.S. Navy photo 80-G-K-15559, Domaine Public

Du Pacifique à l’Europe : les interceptions de Foo Fighters

De 1942 à 1945, David Griggs, physicien au MIT et principal conseiller scientifique du secrétaire à la guerre Henry Stimson, est d’abord chargé de mettre en place une surveillance par radar en Europe, puis d’exploiter les découvertes technologiques japonaises, et enfin de collecter des informations sur les PAN. Son collègue physicien James McDonald l’interviewera plus tard et notera :

“Partout où il allait, ces choses apparaissaient. »

“Il a senti que cela impliquait quelque chose de réel, mais il n’était pas sûr de ce que c’était.”

Au cours de son inventaire de la technologie de guerre japonaise, il découvre que les Japonais ont fait des progrès significatifs dans l’utilisation de rayons électromagnétiques pour désactiver les avions, mais plus intéressant encore, que les Japonais ont également noté la présence d’étranges formes de lumière. Le même inventaire est mené sur les technologies allemandes, mais aucune ne peut expliquer les rapports des as de la Seconde Guerre mondiale. A la fin de la guerre, le phénomène reste un mystère pour les militaires .

Picture By Simo Räsänen, CC BY-SA 4.0
Photo par Simo Räsänen, CC BY-SA 4.0

Les lacs de Suède

À cette époque, l’avenir de la guerre se trouve dans l’espace : compte tenu de leur avance en matière d’armes nucléaires, les États-Unis cherchent alors un vecteur pour les acheminer n’importe où sur Terre et commencent à financer le développement de fusées basées sur des recherches allemandes récupérées après la guerre. Au même moment, en 1946, en Scandinavie, des rapports font état de fusées inconnues traversant le ciel de la Baltique. Le 19 juillet, quatre crashs différents sur des lacs sont signalés, puis un autre 24 heures plus tard. 

L’enquête est menée avec l’aide du Royaume-Uni pendant un certain temps, suivi de loin par les États-Unis. En effet, le nouveau chef du Central Intelligence Group, ancêtre de la CIA, le général Hoyt Vandenberg, déclare à Harry Truman que les fusées fantômes semblent être des missiles soviétiques. Cette situation peut être considérée comme le modèle des programmes de récupération des crashs entre alliés, où les États-Unis surveillent la situation à distance, les pays alliés anglophones interagissent avec les nations où un crash s’est produit, et la nation elle-même mène les recherches sur le terrain. En fait, la Suède mène les premières opérations officielles de récupération de vaisseaux avancés écrasés cet été là, essayant de récupérer des vestiges des vaisseaux dans des lacs, même si rien ne sera jamais trouvé officiellement. Les Britanniques supervisent leur travail tout en tenant les États-Unis informés. 

Les États-Unis avaient leurs propres agences à l’œuvre. Un mémorandum daté du 1ᵉʳ août, rédigé par le colonel Edwin K. Wright, alors directeur adjoint du renseignement central, est envoyé au président Truman, décrit les fusées comme des engins manœuvrables capables de s’autodétruire. Par coïncidence, 20 jours plus tard, le général Doolittle se rend en Suède et déclare :

« Je n’ai vu que quelques rapports sur vos fusées fantômes et je n’ai aucune idée de ce qu’elles sont. Mais il serait très intéressant d’en observer une. »

Photographie par le Spécialiste en Communication de Masse Première Classe Ryan Seelbach /U.S. Navy / Handout, Domaine Public

1947: Disques volants au-dessus des États-Unis

En 1947, Howard McCoy, chef des services de renseignement de la base aérienne de Wright Patterson, demande à consulter immédiatement les dossiers sur les fusées fantômes archivés au ministère de la Guerre suite à la vague d’observations de PAN durant l’été. Il reçoit 44 documents qui, à ce jour, n’ont pas été rendus publics.

Sans revenir ici sur l’affaire Roswell ou sur l’observation de Kenneth Arnold, notons que les États-Unis étaient prêts à collecter des débris sur place et à organiser une conférence de presse pour les présenter. On ne peut qu’imaginer l’ampleur des ressources qu’ils pourraient aujourd’hui mobiliser en cas de crash d’un engin avancé, qu’il soit chinois, russe ou autre. Par ailleurs, en février 2023, si la récupération des débris du ballon chinois de haute altitude a été rendue publique et documentée par un spécialiste de la communication de masse de la marine, aucune information publique n’a jamais été diffusée concernant les trois autres champs de débris, si ce n’est que les recherches officielles ont été interrompues en raison des conditions difficiles sur le terrain.

Le 4 juillet 1947, le chef de la Commission de l’énergie atomique, David Lilienthal, déclare que les disques n’ont rien à voir avec un quelconque projet atomique gouvernemental et qu’il n’a aucune idée de ce qu’ils sont, mais qu’il est « impatient de savoir si l’un d’entre eux était tombé au sol ».

Le même jour, un communiqué de presse est diffusé par la base aérienne de Wright-Patterson, indiquant que l’armée de l’air tente de résoudre le mystère des disques volants. L’enquête va lentement prendre de l’ampleur, confirmée par le mémo Twining, qui affirme que « le phénomène rapporté est quelque chose de réel », et est officiellement lancée en 1948 par le projet SIGN. À l’époque, une rivalité intense existe entre le projet de l’armée de l’air, qui soutient l’hypothèse d’une origine extraterrestre en interne, et son homologue, l’enquête de la marine, qui privilége l’origine d’un acteur étranger. La marine l’emporte et le projet est rebaptisé Grudge, même si, publiquement, un consensus existe pour diminuer l’importance des signalements, de crainte de voir les dispositifs de communications surchargés en cas d’émissions de leurres par les Soviétiques.

Ainsi, entre avril et mai 1949, une campagne de désinformation est organisée pour éviter la panique dans la population. Les mêmes enquêteurs qui ont interrogé les témoins militaires les plus fiables de l’époque sont utilisés comme figures de proue pour calmer le public, ce qui porte un premier coup à la confiance entre les pilotes et les enquêteurs, qui refuseront alors de communiquer leurs observations.

Dans le cadre de cette campagne, et après la publication d’un article promouvant l’étude et le signalement des OVNIs, il est décidé d’en écrire un autre, spécifiquement rédigé pour le décrédibiliser. Elaboré par les membres de l’Air Material Command et basé sur les travaux du projet SIGN, il reste à ce jour l’un des documents les plus intéressants disponibles pour étudier le processus d’enquête de l’Air Force sur les rapports d’OVNI et les récupérations de crashs. 

Bureau du National Military Establishment of Public Information, Memorandum à la Presse, Domaine Public

Le « Memorandum to the Press, Project Saucer » montre comment l’ancêtre de l’armée de l’air considérait l’enquête sur les PAN. De fait, le terme « PAN » était déjà utilisé dans le rapport. Le terme « OVNI » fut créé plus tard par E.J. Ruppelt – autre symétrie intéressante – PAN étant aujourd’hui poussé à remplacer OVNI.  

Dans sa seule introduction, on peut lire dans « The Project Saucer » que:

  • 30 cas s’étant produits à l’étranger ont été étudiés
  • les laboratoires de la base de Wright-Patterson ont été utilisés pour les analyses
  • l’origine extraterrestre a été considérée comme une possibilité
  • l’enquête exhaustive n’a pas permis de réfuter l’hypothèse selon laquelle la cause pourrait être un engin réel de configuration inconnue et non conventionnelle
  • « Plusieurs autres agences gouvernementales et privées » ont aidé le projet Saucer dans son étude sur les PAN.

À partir de là, le plan d’action introduit pour la première fois en Suède semble bien étoffé. La collaboration avec d’autres pays parait bien établie en ce qui concerne l’enquête sur les observations de PAN et leur récupération, ce qui confirme l’une des affirmations de M. Grusch.

En outre, le rapport poursuit en énumérant des cas inexpliqués déconcertants. Dans une sous-partie, le rapport indique que la poursuite de PAN en vol peut entraîner des décès, citant le cas du capitaine Thomas Mantell

Le 7 janvier 1948, Mantell et deux autres pilotes tentent d’intercepter un PAN décrit comme un cône métallique gigantesque. Alors que Mantell poursuit l’objet, la base perd alors le contact radio avec lui. La dépouille de Mantell sera retrouvée plus tard dans l’épave de son avion. En réfutant catégoriquement l’idée qu’il ait pu être attiré par Vénus, le rapport de l’Air Material Command confirme les affirmations de Grusch concernant la menace que les PAN peuvent représenter pour le public. 

 

Royaume-Uni, Ministère de la Défense, Project Condign, Domaine Public

Il est intéressant de noter qu’un autre rapport officiel, le projet Condign du ministère britannique de la Défense, indique que « les tentatives d’autres nations pour intercepter les objets inexpliqués, qui peuvent manifestement changer de position plus rapidement qu’un avion, auraient causé des pertes de vie ». Le rapport ajoute que « les effets des radiations seraient suffisants […] pour provoquer des brûlures sur la peau humaine et endommager les objets terrestres proches ». En outre, en ce qui concerne les avions, le rapport indique que « le couplage avec les systèmes électroniques et électriques des véhicules peut se produire et affecter le fonctionnement de l’équipement ».

Il est intéressant de noter que le résumé du rapport se termine par : « Il conviendrait de poursuivre les recherches sur l’applicabilité des diverses caractéristiques des plasmas dans de nouvelles applications militaires ». Le rapport fait allusion ici à l’une des principales raisons pour lesquelles les PAN sont si bien considérés dans le domaine de la sécurité nationale, mais seulement à huis clos.

Article par Associated Press, Wilmington Star News,1947

En ce qui concerne les méthodes d’enquête, le rapport du projet Saucer indique que:

« Souvent, les laboratoires de Wright-Patterson ont été appelés à faire une analyse d’objets supposés être des fragments récupérés de « disques volants ».

Il apparaît donc que, dès 1949, tout débris intéressant trouvé aurait fait l’objet d’une enquête de la part de l’armée. Le rapport explique également comment les officiers de renseignement A-2 ont pu être envoyés sur le terrain pour collecter les débris et interroger les témoins. Le rapport indique qu’une enquête se déroulerait comme suit :

  • les services de renseignement locaux interrogent les témoins
  • un questionnaire standard est remis au témoin
  • les fragments, les échantillons de sol et les photographies sont renvoyés au Commandement du Air Materiel Command
  • le rapport et les échantillons sont analysés
  • les données sont partagées avec les agences et les laboratoires techniques de l’AMC
  • les objets volants sont classés en fonction de leur forme : disques, torpilles, sphères et lumières
  • le type de propulsion est estimé en fonction de la forme et des données rapportées
  • les données sont renvoyées par les agences et les laboratoires avec leurs analyses à l’AMC.

Il s’avère que dès 1949, le Air Materiel Command était plus étoffé que ne l’est l’AARO en 2023, avec la capacité de

  • mener une enquête sur les cas civils 
  • mobiliser les forces de l’ordre et les services de renseignement 
  • déployer des experts sur le terrain
  • recueillir des débris et des échantillons

On peut donc vraiment s’interroger sur l’état d’avancement de la recherche classifiée actuelle sur les PAN, surtout si, comme l’affirme David Grusch, elle était déjà aussi bien organisée il y a 74 ans.

Image de Viking 1 par la NASA – Domaine Public

Une possible origine extraterrestre

La partie suivante du rapport est encore plus étonnante selon les normes actuelles, car le rapport explique pourquoi Mars est le meilleur candidat pour une origine extraterrestre possible des PAN. Ce qui, aujourd’hui, est utilisé pour ridiculiser Grusch, est ici sérieusement pris en considération dans le rapport sur 3 pages entières. En outre, dans le cadre de l’hypothèse extraterrestre, le projet Saucer a tenté de déduire, à partir des données et des matériaux récupérés, le type de technologie susceptible de propulser de tels PAN. En d’autres termes, ils ont commencé à faire de la rétro-ingénierie sur les technologies possiblement à l’œuvre dans la propulsion des PAN.  

Le rapport énumère également d’autres possibilités, estimant qu’il ne pourrait s’agir d’un adversaire étranger que s’il parvenait à faire une découverte accidentelle « d’une nouveauté jamais atteinte auparavant ». Enfin, le rapport indique qu’il a même envisagé la possibilité d’animaux extraterrestres étranges, comme celui imaginé récemment dans le film Nope, en raison du comportement animal apparent dans certains cas, bien décrit par les pilotes qui les rencontrent encore aujourd’hui, mais que les données manquaient pour en être sûr. 

Il est intéressant de constater qu’un rapport public rédigé en 1949 contient en réalité plus d’informations que le dernier rapport de l’UAPTF.

Photo par l’U.S. Army Credit: USAMHI – Domaine Public

Cold Wars and Reverse-Engineering

La guerre froide était une course technologique, chaque camp essayant de surpasser l’autre dans tous les domaines. La course à l’espace a été un énorme succès pour l’Union soviétique jusqu’en 1969, et l’acquisition de sa propre bombe nucléaire, cinq ans seulement après celle des États-Unis, a tout changé. En matière d’espionnage, de documentation et de rétro-ingénierie, la technologie soviétique était de la plus haute importance pour les États-Unis.

L’incident de 1951 impliquant un MIG 15 s’étant écrasé dans les eaux territoriales coréennes est un exemple intéressant. Repéré par un avion britannique, une équipe de récupération américaine est immédiatement envoyée sur place pour récupérer le chasseur. Après avoir échoué, ils réessayent, combinant les forces britanniques et américaines, mais cette fois sous le feu direct des forces communistes qui tentent également de récupérer l’avion. Ils réussissent finalement à le récupérer et à l’envoyer aux États-Unis où il est analysé en vue d’une rétro-ingénierie. Le projet Moon Dust est un autre exemple de ces opérations de récupération. 

Si les États-Unis et leurs alliés sont prêts à aller aussi loin pour obtenir des technologies conventionnelles, jusqu’où seraient-ils prêts à aller pour obtenir du matériel exotique avancé, sans parler d’empêcher un autre acteur de l’obtenir ? Même si les États-Unis ne disposent pas actuellement de la base industrielle nécessaire à la production en masse de technologies exotiques avancées, plus ils peuvent récupérer de pièces de matériel, moins les nations rivales ou même leurs alliés en auront à leur disposition pour mener leurs propres recherches. 

Cet exemple de ce que l’on appelle le programme d’exploitation militaire à l’étranger, qui rappelle le programme de matériel étranger, a récemment été signalé par le député canadien Maguire comme étant la couverture d’un programme international de récupération des débris de PAN, ce qui valide une fois de plus certaines des affirmations de David Grusch. 

L’une des analyses les plus complètes disponibles aujourd’hui publiquement sur les technologies de PAN a été rédigée il y a quelques années par l’analyste britannique Franc Milburn et publiée par le Centre d’études stratégiques Begin-Sadat de l’Université Bar-Ilan, en Israël. Les deux articles décrivent de manière approfondie les luttes géopolitiques sur le sujet et les technologies PAN qui pourraient être récupérées.

Dans le même temps, à l’autre bout du monde, la Chine essaye de prendre l’avantage dans l’étude des technologies de PAN: 

  • Ils sont prêts à faire des dépenses extravagantes pour recruter les meilleurs cerveaux et les détenteurs de connaissances secrètes ;
  • La Chine mène sa propre enquête militaire sur les PAN depuis des années ;
  • Elle surveille les rapports des témoins depuis des décennies par l’intermédiaire d’associations ufologiques validées par l’État ;
  • La Chine est prête à renverser toute puissance qui tenterait de remettre en cause son territoire.

Combien de temps les États-Unis peuvent-ils attendre avant d’être dépassés ? C’est la question que se posent Lue Elizondo, Christopher Mellon, feu le sénateur Harry Reid et d’autres. Selon eux, la course est lancée depuis des décennies en ce qui concerne les technologies issues de PAN, mais compte tenu de la stigmatisation auto-infligée aux États-Unis, qui oblige chaque agence à créer sa propre équipe de gestion des PAN, coupée de toutes les autres, il est urgent de briser les chaînes qui les empêchent de travailler ensemble sur le sujet. Comme l’a déclaré le représentant Gallagher lors d’une récente interview, « nous devons redécouvrir que nous sommes les bons, que nos valeurs sont meilleures et que l’Amérique est le leader du monde libre ».

Il s’agit d’une déclaration très intéressante de la part d’un représentant élu, alors que les États-Unis sont encore aujourd’hui l’un des environnements les plus hostiles au monde pour travailler sur les PAN – le Royaume-Uni suivant de près – en raison de l’ampleur de la stigmatisation liée à ce sujet. Ce climat difficile est la raison même pour laquelle les lanceurs d’alerte informent secrètement le Congrès depuis des années. Depuis l’apparition du Phénomène, les États-Unis ont secrètement canalisé les opérations de récupération de crashs et les ont étendues ces dernières années, selon le député canadien Maguire, en utilisant les Five Eyes et probablement l’alliance AUKUS.

Harvard, Galileo Project, Dr. Avi Loeb, Sphérules récupérées d’IM1, ligne 8, sousFair Use for Information

“Technologies exotiques”

Il reste bien sûr la grande, magnifique et ontologique question qui fait frémir le monde. Qu’entend-on par matériaux « exotiques » ? 

Le concept de vie extraterrestre remonte à la Grèce antique et a été utilisé dans des métaphores pendant des millénaires à l’intérieur du folklore.  

Jusqu’à l’arrivée des premières sondes sur Mars, la science et la culture dominantes considéraient que la vie devait être courante dans le cosmos, en raison de la taille même de l’univers et de la tendance de la vie à être extrêmement difficile à éradiquer. Mais un choc culturel s’est produit lorsque les premières photos de ce que l’on pensait être une planète sœur de la Terre sont arrivées. Elle s’est révélée être un désert toxique invivable et irrespirable. 

Le concept de vie extraterrestre fut alors cantonné à la fiction et associé à des histoires de monstres et au sensationnalisme. Même les résultats étranges des expériences menées sur Mars par Viking 1 et 2 pour trouver de la vie extraterrestre ont été rejetés à l’époque, même si l’on pense aujourd’hui qu’elles ont permis de découvrir un signal très fort, similaire à celui que produirait une vie biologique sur Terre. Ces expériences n’ont jamais été tentées à nouveau pour confirmer les résultats. 

De nos jours, le télescope spatial James Webb capte des indices de vie extraterrestre dans notre galaxie ou ailleurs dans l’univers. Il y a quelques jours, il a ainsi détecté du phosphate, un ingrédient clé de la vie, dans les eaux d’Encelade, une lune de Saturne, et a également identifié du cation méthyle dans un nouveau système stellaire de la nébuleuse d’Orion – un autre élément constitutif de la vie. 

Pourtant, la recherche d’une intelligence extraterrestre (SETI) a été victime de la stigmatisation propagée par les récits d’OVNI et de rencontres rapprochées, dont les médias ont fait des récits grotesques. 

Image par la NASA, un disque plaqué d’or est attaché à Voyager 1, Domaine Publique

Sommes-nous seuls ?

La question reste la même. Soit nous sommes seuls, soit nous ne le sommes pas. Les études statistiques montrent que nous ne pouvons pas être seuls, car la configuration du système solaire (si l’on considère que la vie est limitée à des conditions semblables à celles de la Terre) n’est pas unique. L’argument suivant est le « paradoxe de Fermi« . Le programme SETI devrait nous permettre d’entendre des bavardages radio provenant de partout, mais il n’a détecté aucun signal répétitif au cours des 30 dernières années. C’est oublier que des études récentes ont trouvé des candidats potentiels dans les archives inexplorées du SETI, des résultats impressionnants si l’on considère que l’approche du SETI est extrêmement restreinte en termes de largeur de bande, de niveau de puissance et de fenêtre d’observation. Le bavardage radio postule également que d’autres espèces intelligentes, antérieures à nous de plusieurs millions d’années, utiliseraient encore la radio pour communiquer et qu’elles voudraient nous parler.

D’autre part, pour que des sondes extraterrestres explorent le système solaire, il suffit qu’une seule espèce possède une bonne dose de soif intellectuelle et de savoir-faire technologique dans l’univers. Nous sommes nous-mêmes déjà en train de le faire. Voyager 1 et 2 partent pour l’espace interstellaire avec un message dans leur bouteille. Si nous l’avons fait, d’autres l’ont probablement fait, car il est statistiquement peu probable que nous soyons uniques en notre genre, mais nous devons alors rechercher leurs bouteilles, de la même manière que le Dr Avi Loeb, du projet Galileo de Harvard, le fait dans l’océan Pacifique, en collectant ce qui pourrait être des débris d’une sonde interstellaire. 
Comme nous l’avons expliqué précédemment, il ne fait aucun doute qu’un tel élément de technologie potentielle serait récupéré. C’est d’ailleurs ce que fait le Dr Loeb. Mais deux questions demeurent :

  • S’il y a des crashs de PAN, comment une technologie exotique avancée pourrait-elle échouer si elle est tellement en avance sur nous ?

C’est assez facile : aucun système technologique n’est jamais parfait, et tout, en particulier les systèmes avancés et complexes, finit toujours par échouer à un moment ou à un autre. Le rapport coût/bénéfice doit également être pris en compte, car nous n’avons jamais dépensé les ressources nécessaires pour récupérer une sonde artificielle non réactive parce qu’il était moins coûteux d’en envoyer une autre. Nous considérons les technologies PAN comme révolutionnaires, mais en raison de la dilatation temporelle qui augmente avec la vitesse, les prétendus vaisseaux qui arriveraient ici seraient déjà obsolètes par rapport à ce qui serait fabriqué à leur point d’origine.

  • Y aurait-il des pilotes dans ces engins?

En ce qui concerne l’affirmation de David Grusch selon laquelle des pilotes ont été récupérés avec les engins, il existe plusieurs similitudes intéressantes avec notre propre histoire.

Parmi tous les astronautes qui se sont posés sur la Lune, un seul était un scientifique. Tous les autres étaient d’anciens militaires. L’un des arguments les plus courants pour expliquer pourquoi une autre espèce irait aussi loin est souvent que c’est « pour la science ». Il est intéressant de noter qu’il ne s’agit pas d’un anthropomorphisme, car nous l’avons fait pour montrer notre force, et non pour acquérir des connaissances. Certaines pierres lunaires ont été distribuées aux pays alliés en guise de remerciement. L’une des ambitions actuelles de retourner sur la Lune est de battre la Chine. Cela devrait nous amener à nous interroger sur la diversité des situations que nous pourrions rencontrer en dehors de notre planète, ou dont nous pourrions être témoins ici même. 

Compte tenu de notre niveau de compréhension de la physique, il est peu probable qu’une physique entièrement nouvelle soit nécessaire pour la propulsion. Avec un vaisseau en accélération de 1 G, parfaite pour le corps humain, on peut atteindre le prochain système stellaire en quelques années. Pourquoi auriez-vous besoin de pilotes ? On pourrait régler les choses en utilisant l’intelligence artificielle dans des sondes de type Von Neumann, des vaisseaux qui se réparent d’eux-mêmes. Mais il faudrait faire confiance aux IA autonome – un sujet qui fait débat aujourd’hui. Vous pourriez piloter vos sondes à distance, mais comme aucune information n’est capable de franchir la vitesse de la lumière, le délai devient rapidement un problème. Par exemple, il y a un délai de 7 minutes entre le Soleil et la Terre. Pour piloter une sonde, il faut agir 7 minutes à l’avance et espérer que rien de grave ne se produise. Or, les incidents dans l’espace sont assez fréquents. 

En ce qui concerne la durée d’un tel voyage, des fonds publics et privés gigantesques sont actuellement consacrés à l’allongement de la vie humaine au-delà de ses limites naturelles et au ralentissement du métabolisme pour faciliter le transport sur de longues distances. La science évolue plus vite que les auteurs de science-fiction aujourd’hui. 

Enfin, il n’en faudrait qu’un. Même si 99 % des supposés engins exotiques sont dotés d’une I.A., il suffit d’en trouver un qui dispose d’un pilote. C’est un événement rare, pas un miracle. Lorsque l’on considère la quantité de vie possible, étalée sur des milliards d’années, les statistiques simplifient les choses : l’existence de corps non humains serait logique.

Enfin, et c’est là un de mes sujets favoris, il pourrait très bien s’agir, comme nous l’avons dit plus haut, d’une technologie de pointe tenue à l’écart du public, même si, dans la première partie de l’article, nous avons vu à quel point le phénomène remontait loin dans le temps.

Le Sénateur de l’Etat de Floride Marco Rubio, image par le Sénat U.S. – Email du bureau du Sénateur Marco Rubio, Domaine Public

Faut-il lui faire confiance?

Maintenant que nous avons éliminé le sensationnalisme du sujet et répondu aux principales affirmations de David Grusch, il ne reste plus qu’une question à résoudre. David Grusch est-il digne de confiance ? Contentons-nous d’énumérer les faits :

  • Personne n’a prouvé qu’il avait tort :

L’argumentation des critiques repose sur l’idée que « ce n’est pas possible ». Jusqu’en 1803, on ne pensait pas que les météorites pouvaient exister – après tout, les pierres ne volent pas. En outre, la plupart des rapports de témoins, y compris de militaires, décrivent des rencontres rapprochées de PAN avec – fait intéressant – des pilotes humains. Même si les affirmations de Grusch ont soulevé une vague de critiques, aucune d’entre elles n’a pu entacher sa réputation, ses antécédents ni faire oublier sa plainte auprès de l’inspecteur général de la communauté du renseignement (ICIG).

  • Il n’est pas seul

Le New York Times a comparé David Grusch à Bob Lazar, peut-être pour lui faire partager l’aura de controverse de ce dernier. Mais, alors que Bob Lazar n’a jamais pu produire de témoins concordants, David Grusch a bénéficié du soutien de nombreux alliés, eux-mêmes validés par une demi-douzaine de journalistes, dont des militaires nommément cités.
Récemment, le journaliste d’investigation Michael Shellenberger et l’ancienne conseillère à la Maison Blanche Dr Pippa Malmgren ont aussi rapporté séparément que les dires de David Grusch étaient corroborrés par de multiples sources sous couvert d’anonymat.

L’ICIG a constaté qu’il avait effectivement été victime de harcèlement à la suite de son enquête et que sa plainte était jugée « crédible et urgente ». Il est amusant de constater que très peu de journalistes se demandent pourquoi un officier de renseignement serait harcelé après avoir dénoncé des programmes illégaux de récupération de crashs de PAN. 

  • Il a sacrifié sa carrière :

David Grusch n’a rien à gagner dans ce processus, bien au contraire, puisqu’il a sacrifié sa carrière de toute une vie de service au sein du ministère de la Défense en devenant un lanceur d’alerte. 

  • Il a des preuves :

L’une des critiques les plus courantes est que David Grusch n’a pas de preuves. Sauf qu’il en a. Ces documents ont été remis à l’ICIG et confirmés par des témoins concordants. Comme il s’agit d’une enquête en cours et que les documents sont classifiés (la raison même pour laquelle il a entamé la procédure de dénonciation), le public ne peut pas les voir tant qu’ils ne sont pas déclassifiés. Les citoyens américains peuvent demander à leur président de déclassifier les documents s’ils le souhaitent, mais la décision n’est pas entre les mains de David Grusch.

  • Il n’est que le premier :

Comme l’a déclaré le sénateur Marco Rubio lors d’une récente interview, d’autres dénonciateurs se présentent maintenant auprès du Congrès pour informer les élus sur les programmes de récupération des crashs sur l’UAP. Le sénateur Rubio a également déclaré qu’ils recherchaient ces programmes sur la base des affirmations de David Grusch, ajoutant qu’il considérait ce dernier comme « très intelligent, très instruit […] avec des autorisations élevées et un poste très important », et le comparant aux pilotes de la marine qui ont rencontré des engins anormaux manquant de provoquer des accidents. Il a également indiqué qu’ils prenaient l’affaire « au sérieux », de façon « bipartisane », ajoutant que les programmes illégaux qui empêchent le Congrès d’avoir accès aux connaissances « constitueraient un énorme problème, si c’est vrai, même partiellement ». Aussi, sur la possibilité que d’autres lanceurs d’alerte viennent confirment les affirmations de M. Grusch :

« Parce qu’il s’agit d’un processus de lanceurs d’alerte – pas seulement lui, mais d’autres – certains se sont manifestés pour partager des informations avec notre commission au cours des deux dernières années […] qui ont des affirmations de première main sur certaines choses. Parfois des personnalités publiques, que vous avez entendues dans le passé publiquement, d’autres qui ne se sont pas exprimé publiquement, et nous essayons donc de rassembler autant d’informations que possible ».

Il ajoute, ce qui est intriguant, que : « certaines de ces allégations sont des choses qui dépassent le cadre de ce qu’aucun d’entre nous n’a jamais traité », expliquant que les lanceurs d’alerte sont des « personnes sérieuses » qui n’ont aucune raison de rapporter ces informations.

David Grusch, Need to Know, L’image ne peut être reproduite ou diffusée sans l’autorisation des auteurs.

On pourrait rire des affirmations de David Grusch si elles ne concernaient pas des connaissances cachées affectant la sécurité mondiale. Alors que les nations rivales sont engagées dans une course effrénée pour acquérir la technologie des armes hypersoniques, les Etats-Unis peuvent-ils encore se payer le luxe de faire la sourde oreille aux mises en garde d’anciens officiers de renseignement comme David Grusch concernant des technologies cachées qui pourraient changer la face du monde ?

Image principale: David Grusch, Copyright © D. Grusch. L’image ne peut être reproduite ou diffusée sans l’autorisation des auteurs.

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