20 Mars 2024 : Première Journée Européenne des UAP ?

Entre les intervenants et les participants inscrits à cette rencontre, une dizaine d’organisations ufologistes européennes et internationales, présentes ou représentées, se sont rassemblées dans une salle du Parlement européen. Et près de 150 personnes ont assisté en ligne aux échanges. Quelles suites peut-on attendre, ou imaginer, de cette journée mémorable ?

« Mon travail en tant que membre du Parlement se concentre sur la création d’un système européen harmonisé de suivi, de collecte et d’analyse des données sur les PAN. L’Union européenne, institutionnellement composée de 27 États membres, ne dispose pas d’un tel système. Par conséquent, des milliers de citoyens et de professionnels expérimentés ne savent pas ou ne se sentent pas en sécurité pour signaler des événements qu’ils ne peuvent pas expliquer, » a rappelé l’eurodéputé Francisco Guerreiro dans son introduction à l’événement « Phénomènes anormaux non identifiés – Espace aérien de l’UE : rapports et évaluation scientifique » qu’il a organisé le 20 mars 2024 au Parlement européen à Bruxelles. (1)

Cet élu portugais indépendant, féministe, végan, fils de biologiste et très engagé sur le bien-être animal, la cause LGBTI et contre toutes les formes de discrimination, siège en tant que membre du groupe des Verts/ALE au sein du Parlement européen et au sein des Commissions Pêche, Agriculture, mais aussi Budget et Marché intérieur du Parlement européen. (2) Sur le domaine des PAN, Francisco Guerreiro était d’un à priori très sceptique, il l’a reconnu à de nombreuses reprises. Jusque-là, les PAN ne constituaient pas un sujet pour cet élu – l’un des 21 eurodéputés portugais que compte le Parlement européen. La question ne semblait ni majeure ni crédible.

Pour Guerreiro, tout a plutôt commencé avec les auditions du Congrès américain au Printemps 2023. Ces discussions publiques, officielles, bicamérales et bipartisanes, ont attiré son attention, lui montrant qu’outre-atlantique la question était non seulement prise au sérieux, mais aussi hautement politique et largement couverte par les médias nationaux. Le regard de Francisco Guerreiro sur les PAN a changé. Sa rencontre avec l’équipe de UAP Coalition Netherlands l’a conforté dans son nouveau point de vue : « Le monde entier en parle, le Congrès américain s’en est saisi, mais dans l’UE, je n’ai encore entendu aucun débat à ce sujet », résume-t-il. (3) Francisco Guerreiro a donc commencé à poser des questions… tout d’abord par écrit, sous la forme de questions parlementaires adressées aux services de la Commission. Ces questions des députés, la Commission doit y répondre par écrit dans un délai de 6 semaines maximum…

« LE MONDE ENTIER EN PARLE, LE CONGRÈS AMÉRICAIN S’EN EST SAISI, MAIS DANS L’UE, JE N’AI ENCORE ENTENDU AUCUN DÉBAT À CE SUJET »

FRANCISCO GUERREIRO, MEP, 20 MARS 2024

D’ABORD DES QUESTIONS PAR ECRIT

La première question écrite de Francisco Guerreiro a été publiée le 28 juillet 2023. Rédigée au lendemain des auditions de la sous-commission de la sécurité nationale de la commission du contrôle et de la responsabilité de la Chambre des représentants des États-Unis de l’ancien officier du renseignement de l’US Air Force David Grush, de l’ex-commandant de la marine américaine David Fravor, et de Ryan Graves, directeur exécutif d’Americans for Safe Aerospace (ASA, la première association américaine consacrée aux PAN et dirigée par un ancien militaire, lieutenant et pilote de F-18 ayant plus de dix ans de service dans la marine américaine), la question de Guerreiro à la Commission portait sur les rapports et protocoles européens pouvant exister sur les PAN. Lui demandant en particulier quelles pouvaient être ses connaissances ou documents à disposition « recueillis par les États membres ou les agences de l’UE, telles que l’Agence de l’Union européenne pour le programme spatial ?  Les rapports de l’Agence Européenne de Défense (EDA) sur les PAN et ses protocoles internes pour recevoir les rapports des États membres de manière transparente et responsable ? ». Ou aussi les rapports ou protocoles internes sur les PAN de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA), pour recevoir les observations des pilotes ou des radaristes de l’aviation civile européenne… (4)

Le 9 novembre 2023, soit un peu plus de trois mois plus tard (au lieu du délai maximum de six semaines prévues par le Règlement intérieur du Parlement européen), la Commission a affiché son ignorance par la voix du commissaire français Thierry Breton en charge notamment de l’espace et de la défense. Précisant par exemple que « l’EDA ne détient aucun document pouvant correspondre au thème des Phénomènes Anormaux Non-identifiés (PAN) », ou encore que la collecte de connaissances ou de documentation sur les phénomènes anormaux non identifiés ne fait pas partie des objectifs du programme spatial de l’UE définis par l’Agence de l’Union européenne pour le programme spatial (EUSPA)… (5)

Le 31 janvier 2024, Guerreiro a transmis deux autres questions écrites à la Commission. L’une sur la révision du règlement de l’UE sur l’aviation civile afin d’y inclure les rapports sur les PAN (6), l’autre sur la surveillance et la notification des PAN dans le cadre de la législation spatiale de l’UE (7)… Celle touchant à l’aviation civile a reçu onze semaines plus tard une réponse donnée par la roumaine Adina-Iona Valean, la Commissaire européenne aux Transports. Cette réponse du 11 avril 2024 – qui souligne que les conclusions de l’étude d’évaluation du règlement sur l’aviation civile, publiées en 2020, n’évoquent pas le besoin de prendre en compte les PAN – est dans la continuité des précédentes déclarations de la Commission qui dit ne rien savoir, et ne rien vouloir savoir, sur les questions PAN, UFO, UAO et UAP… (8) La réponse du Commissaire Français Thierry Breton, publiée finalement le 23 avril, cherche à clore le debat : « L’inclusion du système de notification des phénomènes aérospatiauxs non identifiés (PAN) va au-delà des capacités technologiques de l’UE et de la base juridique de la législation. Le domaine des PAN est considéré comme une compétence des États membres, ce qui leur permet de traiter ces phénomènes en fonction des besoins de sécurité nationale (…) Il n’est donc pas inclus dans le champ d’application des services de partenariat de l’UE en matière de surveillance et de suivi de l’espace (SST), ni dans les activités relatives aux objets géocroiseurs (NEO). (9) Précisons que depuis le 9 avril, la Commission européenne a aussi annoncé le report à une date ultérieure, après l’été 2024, du projet de législation spatiale… (10)

DES PRISES DE PAROLE ENSUITE

Revenons au Parlement européen. Une petite semaine après ses deux questions écrites du 31 janvier, l’eurodéputé Guerreiro prend aussi la parole sur la question des PAN à Strasbourg, en plénière. Cette prise de parole publique sur le sujet, la première en video, va faire le buzz et faire connaître Francisco Guerreiro parmi les réseaux ufologiques paneuropéens et internationaux. Son intervention du 5 février 2024, très simple, revient sur le projet de législation spatiale européenne, fait le lien avec les débats aux USA et souligne la brèche de sécurité que représente l’absence de reporting européen sur la question UFO. Son discours d’une minute, ciblé, reprend et vient en appui des amendements qu’il a déposés. Une seconde prise de parole suivra à la plénière suivante, le 11 mars, aux lendemains de la parution du rapport de l’AARO. Un rapport que Guerreiro qualifie d’« intentionnellement malhonnête, inexact et dangereusement trompeur ». « Pour moi et beaucoup d’autres, une chose semble rationnelle et évidente : quelqu’un cache quelque chose et ce ne sont pas ceux qui cherchent les réponses » ajoute-t-il. (11) (12)

« POUR MOI ET BEAUCOUP D’AUTRES, UNE CHOSE SEMBLE RATIONNELLE ET ÉVIDENTE : QUELQU’UN CACHE QUELQUE CHOSE ET CE NE SONT PAS CEUX QUI CHERCHENT DES RÉPONSES »

FRANCISCO GUERREIRO, MEP, 11 MARS 2024

Une dizaine d’interviews, dont la moitié par podcast, accompagne la médiatisation en février et en mars 2024 des discours de l’eurodéputé Francisco Guerreiro (13). Son fil X (ex-Twitter) compte une douzaine de posts sur les UAP. Ses videos du 5 février (83 500 vues, 451 Likes et 170 ReTweets) et encore plus celle du 11 mars (138 000 vues, 969 Likes, 351 ReTweets) cartonnent en termes d’audience. Suivent l’annonce de l’événement du 20 mars (76 000 vues, 376 Likes et 174 ReTweets) et son replay, publié le 21 mars (72 600 vues, 724 Likes, 220 ReTweets). (14) (15) (16) (17) Le sujet UFO fait recette. Il est populaire, fédérateur, à l’image du tag #UFOTwitter et suivi par les principaux influenceurs anglo-saxons, qui soutiennent le député européen. Mais politiquement, quelle portée ?

UNE DOSE, ENFIN, DE RESOLUTION INDIVIDUELLE

Le 11 mars, c’est aussi le jour d’enregistrement par le Parlement européen de la résolution déposée par Francisco Guerreiro sur les PAN. Cette proposition de résolution individuelle porte sur la mise à jour du règlement de l’UE concernant les comptes rendus, l’analyse et le suivi d’événements dans l’aviation civile afin d’y inclure les comptes rendus de Phénomènes Anormaux Non identifiés. (18) Il s’agit du règlement no 376/2014 qui ne touche que l’aviation civile, pas la législation spatiale.

Francisco Guerreiro est coutumier de cette manière de faire, un levier politique qu’il a déjà employé pour demander « la mise en place d’un projet pilote de revenu de base sans conditions dans toute l’Union européenne ». (19) Mais aussi pour « la création d’un mécanisme de financement pour la Palestine ». C’est un outil prévu par le règlement du Parlement que tout député européen peut saisir… au risque de rester isolé ! « Conformément à l’article 143 du règlement intérieur du Parlement, tout député peut déposer à titre individuel une proposition de résolution portant sur un sujet qui entre dans le cadre des activités de l’Union européenne, détaille le Parlement européen sur son site web. Les propositions recevables sont transmises à la commission compétente, qui décide s’il y a lieu de donner suite à la proposition de résolution et, dans l’affirmative, de la procédure à suivre. » La proposition de résolution va-t-elle être attribuée à la Commission Transport (TRAN) ? Pourra-t-elle, surtout, être examinée d’ici juin 2024 ? Ou sera-elle écartée et rejetée d’office par les coordinateurs TRAN ? Le bureau de Francisco Guerreiro l’ignore encore pour l’instant.

UN PREMIER BILAN EN FORME DE NON-RECEVOIR ?

Que dire finalement de cette incursion des domaines UFO / UAP au sein du Parlement européen ? Un amendement sur la législation spatiale européenne que les autres eurodéputés n’ont pas retenu ? Des questions écrites auxquelles la Commission dit et redit qu’elle ne dispose d’aucune information sur le sujet ? Le coup de projecteur sur une dénomination faussement « nouvelle »  : les ‘Unknown Airborne Objects’ (UAO), nomenclature que la CIA a utilisée dès 1950 dans un mémo et dont l’acronyme rappelle les ‘Unconventional Aerial Objects’ du temps de l’APRO des années 1960 et 70 ? Une résolution individuelle, soumise au bon vouloir de la Présidente du Parlement européen ? En apparence, le bilan de l’action du MEP Francisco Guerreiro semble loin d’avoir été couronné de succès. Mais la vérité, on le sait, est ailleurs.

Plusieurs choses me paraissent évidentes. La première est que Francisco Guerreiro a su provoquer le débat. Ses manœuvres visant à politiser la question UAP, c’est à dire à faire exister la question au sein du Parlement européen – malgré l’absence d’agenda législatif dédié, ont réussi à exploiter toute la palette des outils et des moyens institutionnels à sa portée : questions écrites, interventions en plénière, audition à sa propre initiative, résolution individuelle… Le recours aux réseaux sociaux, en s’adressant directement en ligne aux communautés et influenceurs UFO a permis au MEP portugais de faire du buzz, c’est à dire à gagner et à imposer de la visibilité au sujet, contournant ainsi les fins de non-recevoir que ses pairs eurodéputés et les représentants des institutions européennes lui ont formellement adressé.

Un autre point très important, et dont l’histoire se souviendra me semble-t-il, est le soutien politique incontestable que Guerreiro a apporté aux témoins, passés, présents et à venir. Cet engagement contre la stigmatisation des témoins et de leur récit s’inscrit dans le prolongement des combats des Verts européens : en faveur de la dignité de chacun et de la lutte contre les discriminations. Il s’agit d’une question de respect des droits fondamentaux. Nul ne doit faire l’objet dans l’Union européenne de harcèlement ou de traitement dégradants, témoin ou contacté UAP inclus.

« NUL DANS L’UNION EUROPÉENNE NE DOIT FAIRE L’OBJET DE HARCÈLEMENT OU DE TRAITEMENTS DÉGRADANTS, TÉMOINS OU CONTACTÉ UAP INCLUS. »

FRANCISCO GUERREIRO, MEP, 20 MARS 2024

Avant tout, au-delà de ce décryptage en termes de stratégie d’influence et de discours politique en faveur des droits humains fondamentaux – une position constante du MEP Francisco Guerreiro –, le plus important se situe ailleurs… dans l’émergence d’un lobby UFO en Europe.

L’EMERGENCE D’UN LOBBY PAN EUROPEEN?

Cette journée du 20 mars 2024 impulsé par MEP Guerreiro a marqué la naissance d’un lobby UFO européen. C’est un point essentiel, un vrai gain en termes d’influence, que les réseaux ufologiques doivent reconnaître et dont nous avons été ce jour-là les témoins privilégiés. Cette table-ronde a réuni des représentants des principales associations et coalitions présentes en Europe : EuroUFO, UAP Check, UAP Coalition Netherlands (UAPCNL), COBEPS (Belgique), Belgisch UFO Meldpunt (Belgique), GEP (Allemagne), UFO-Norge (Norvège), CISU (Italie). Des groupes internationaux, principalement nord-américains, comme Mutual UFO Network Mutual UFO Network (MUFON), the Scientific Coalition for UAP Studies (SCU), the Sol Foundation et Americans for Safe Aerospace (ASA) étaient également représentés ou intervenants. Sans compter les 150 connectés en ligne, le temps de l’événement.

De gauche à droite : Jean-Marc Wattecamps (COBEPS, Belgique), Frederick Delaere (Ufo Meldpunt, Belgique), Robert Fleischer (Exomagazin, Espagne), Beatriz Villaroel (Suède), Renate Fossdal (Ufo Norway), Michael Vaillant (UAP Check, France), Lee Dines (SCU, UK), Danny Ammon (GEP, Allemagne), André Jol (UAP Coalition, Pays-Bas), Edoardo Russo (CISU, Italie), Peter Skafish (Sol Foundation, USA), Jonathan Berte (Sol Foundation, Belgique). Photo prise par Julien Odeur (COBEPS, Belgique).

L’UAPCN (UAP Coalitie Nederland, en néerlandais) s’est avéré décisif dans la mise en place de cette journée. Créée en mai 2023 aux Pays-Bas, dédiée à promouvoir la transparence, la coopération, la compréhension et la recherche sur les PAN et à soutenir ceux qui peuvent en être témoins, cette organisation de professionnels issus des rangs de l’aviation, de la police ou des forces armées, est co-pilotée par Joachim Dekkers et par André Jol, un ancien fonctionnaire européen et expert en politiques climatiques au sein de l’Agence européenne de l’environnement. Un fin connaisseur des rouages des processus de décision du mille-feuilles européen. La page de l’UAPCN traitant des réglementations souligne l’absence de lignes directrices dédiées au signalement des UAP dans l’Union européenne et insiste sur la nécessité d’inclure les UAP dans la législation et les procédures de signalement de la sécurité aérienne, gérées par l’EASA (Agence européenne de la sécurité aérienne), ainsi que dans les stratégies et la législation spatiales européennes, y compris le Service de surveillance et de suivi de l’espace (SST) de l’UE et les objets géocroiseurs (NEOs). Les PAN devraient également être inclus dans les activités de l’Agence spatiale européenne (ESA) (20) (21)

« NOUS SOMMES LES TÉMOINS DE L’EMERGENCE D’UN LOBBY UFO EN EUROPE »

Cette rencontre du 20 mars, et les rendez-vous bruxellois qui l’ont précédé ou suivi, a permis aux groupes présents au sein du Parlement d’afficher un front commun. Elle a aussi permis aux experts et représentants présents – qui ne s’étaient jamais rencontrés pour certains – de faire connaissance, d’échanger et d’envisager des projets ensemble, transnationaux.

ENTRE LES LIGNES DE L’AESA

La rencontre du 20 mars 2024 a fait l’objet de moult comptes rendus, retranscriptions et rediffusions consultables en ligne. Cet événement, auquel j’ai eu la chance d’être présent, incarne à son échelle toutes les ambivalences caractéristiques de n’importe quel dossier PAN : une communication tardive mais captivante, un accès délibérément restreint tout en veillant à offrir en ligne un accès au débat le plus large et le plus transparent possible, un panel d’intervenants et de participants issus des groupes et d’organisations UFO européennes et internationales de référence (EuroUFO, MUFON, SOL, UAP Coalitie Nederland, UAP Check…)… comblant les chaises vides qu’auraient pu occuper des représentants de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) ou de la DG DEFIS (Direction Générale Defense et Espace de la Commission Européenne, créée en décembre 2019) !

Seul un passage éclair d’un émissaire de l’AESA, l’Agence de l’Union Européenne pour la Sécurité Aérienne (AESA en anglais, basée à Cologne et créée en 2003), a sauvé l’honneur des institutions européennes. Plutôt qu’une fin de non-recevoir, celui-ci a joué le jeu de venir quelques minutes participer à cette rencontre… Le temps de délivrer le message officiel de ses supérieurs : celui que rien ne justifiait de remettre en cause le système existant, d’autant qu’un système européen de reporting des « imprévus » aériens existe déjà et, qui plus est, que le nombre de cas signalés se référant à des PAN était bien trop insuffisant à ce jour pour justifier la mise en place d’un guichet dédié aux UFO. Bref, un « tout va très bien » à la fois fuyant et précipité, écrit d’avance et d’apparat. A ce stade, faut-il s’étonner de ces dénégations ou de cet immobilisme ?

L’AESA est régulièrement interpellée sur le sujet des PAN. En 2022, 2023 et 2024, un certain nombre de demandes d’accès au document lui ont été faites via Asktheeu.org. Un portail en ligne où tout citoyen européen peut demander un accès aux documents tel que prévu par les Traités européens auprès de la Commission ou d’une autre institutions de l’Union européenne, telle que l’Agence Européenne pour la sécurité aérienne, la DG DEFIS, ou encore le JRC : le Joint Research Center (abrégé CCR en français, pour Centre Commun de Recherche). Vice de forme du demandeur, formalités réglementaires ou incapacité à produire les documents demandés dans les temps, les demandes ont été toutefois systématiquement classées sans suite ou presque… (22) (23)

La position de l’AESA en particulier est désormais d’indiquer qu’elle ne détient aucun document correspondant à la demande, voire d’inviter le demandeur à contacter son point de contact national en matière de données de sécurité aérienne. D’un strict point de vue réglementaire, c’est exact. « Rien n’indique qu’il y ait mauvaise administration de la part de l’Agence européenne de la sécurité aérienne » a statué le médiateur européen en 2022 à la suite de sa saisine par un demandeur mécontent des fins de non-recevoir de l’AESA. (24)

AFFAIRES PUBLIQUES OU RAISON D’ETAT?

Osons ce détour. La question PAN occupe une part croissante des esprits mais reste insaisissable. Les services de renseignements étatiques et les groupes militaro-industriels privés l’étudient, voire le recherchent activement, mais cela ne doit pas se voir ni se savoir. Les rapports officiels produits se contredisent les uns les autres. Les PAN comptent des milliers de témoins, dont de fascinants comptes-rendus de pilotes de lignes et de pilotes de chasse, mais seuls 3 % des cas rapportés resteraient inexpliqués. On va se taire mais en parler quand même. Les autorités étasuniennes reconnaissent des contacts radars tandis que le domaine public se remplit de récits de contacts galactiques. Notre inconscient collectif, désireux d’assouvir sa soif de questionnement et de savoir, se façonne au gré des scénarios fictions d’envahisseurs venus des étoiles. Il est question de vie ailleurs et de mystérieux objets célestes. Les textes religieux anciens multiplient les références à des visiteurs volants. Des savants s’adressent à nous devant des images d’exoplanètes revues par des illustrateurs. Messages ultraterrestres et prospectives apocalyptiques s’engramment et s’intriquent en autant de vérités révélées. C’est impossible et pourtant cela existe, etc. Cette liste peut sembler insensée et pratiquement sans fin. Vous savez tout cela autant que moi.

Notre cerveau, en matière de PAN, est saturé d’injonctions paradoxales. Cette légion de double contraintes – des injonctions simultanées, contradictoires et incompatibles entre elles – sont sources de pressions psychiques insupportables. Témoins et « expérienceurs » les ressentent d’autant plus intensément que leur propre vécu contredit la réalité ambiante. Dans ces conditions, la crainte d’un témoin d’être ridiculisé, discrédité ou « stigmatisé » selon les mots du député européen Francisco Guerreiro, illustre à la fois le plafond de verre et tout le courage qu’il faut mobiliser pour « oser en parler en public ». La moquerie n’est-elle pas la tendance de la plupart des médias ? N’est-ce pas le bûcher qui, en 1600 et avant l’affaire Galilée, a accueilli les dires de Giordano Bruno sur la pluralité des mondes ? En France, en octobre 2023, le ministre de l’Industrie Roland Lescure n’a-t-il pas comparé les témoins d’OVNI à des personnes alcoolisées ? Une moquerie de trop que les ufologues français n’oublieront pas . Qui gagnera – et que gagner !?! – dans cette bataille des esprits aux allures de guerre de l’information et des croyances ?

DES STRATEGIES DE GESTION DE LA PERCEPTION

A l’échelle des hommes d’Etats, la question des PAN se traduit par une triple posture de secret, de divulgation et de désinformation. Haut fonctionnaire français et ancien directeur du renseignement de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE), le maitre espion et expert en géostratégie Alain Juillet l’a parfaitement exprimé durant son exposé au Repas ufologique de Paris du 6 avril dernier. Ce grand initié des secrets d’état a décrit les rouages d’une raison « froide », privilégiant par exemple dans le cas de crash UFO l’avantage compétitif de garder le secret – secret industriel, secret défense, secret d’état, etc. – aux bénéfices d’une collaboration ouverte, transparente et publique. Obtenir une information confidentielle, la traiter et la garder pour soi est un réflexe des services de renseignements et de la guerre économique. Une option des prédateurs, dans un monde rempli de dangers. La divulgation, lorsqu’elle a lieu, est soit accidentelle ou contrôlée, elle répond dans ce dernier cas à des intérêts supérieurs. A cette échelle, on parle de communication stratégique. C’est à dire de l’utilisation intentionnelle de la communication pour atteindre un objectif ou un résultat spécifique. Ce niveau de contrôle de l’information inclut le mensonge et le déni. Car dans ces domaines de la gestion de la perception et de la manipulation de l’opinion publique, la désinformation constitue un formidable moyen de détourner les esprits. Dans le langage militaire, on parle de diversion.

« LA DESINFORMATION CONSTITUE UN FORMIDABLE MOYEN DE DETOURNER LES ESPRITS. DANS LE LANGAGE MILITAIRE, ON PARLE DE DIVERSION. »

La question des PAN, réelle ou fantasmée, s’avère donc bel et bien, à un moment ou un autre, ici ou là, un remarquable outil de diversion des consciences. Mais pour aller où ? Que se passe-t-il réellement, en coulisses, pendant que l’on disserte collectivement sur le sexe des anges ou la couleur des yeux des gris ? Ajoutons que ces tactiques de désinformation, le plus souvent éventées, nourrissent aussi un sentiment fâcheux, celui du rejet et de la crise de confiance généralisée envers des institutions qui ne paraissent plus servir l’intérêt général. Les leurres de la désinformation restent également prégnants, influents, même après avoir été divulgués. Il faut du temps pour se désintoxiquer des infox…

L’insaisissable question des PAN qui embrume tellement nos esprits est aussi, paradoxalement, une source fertile d’hypothèses, de prise de conscience et d’imaginaires. Une incroyable machine à penser, un levier d’évolution et de spéculations que l’on peut comparer aux expériences de l’esprit si chères aux cosmologistes et autres théoriciens… Fin de ma digression

« IL FAUT DU TEMPS POUR SE DÉSINTOXIQUER DES INFOX… »

Quel devenir alors, dans ces conditions, de la question des PAN dans l’UE ? Secret, divulgation ou désinformation ? Faut-il la laisser aux seuls ambassadeurs célestes ? Que faire des témoignages des pilotes, des militaires et des analystes professionnels ? Quels sont d’ailleurs les inconnues de la prochaine législature européenne ?

LES INCONNUS DE LA PROCHAINE LÉGISLATURE

Tirons des plans sur la comète 2024-2029. Une nouvelle vague de 720 d’eurodéputés va être élue le 9 juin 2024, ouvrant la 10e législature du Parlement européen. Nous connaissons le contexte, qui n’a jamais été aussi périlleux depuis la Deuxième Guerre Mondiale : une récession économique et une crise financière à peine masquée, des tensions internationales à leur apogée avec des conflits militaires comptabilisant de dizaines de milliers de morts à nos portes dans l’Europe de l’Est, la Mer Noire et le Proche-Orient méditerranéen. Sur le front intérieur, un net rééquilibrage des forces politiques en faveur d’une droite européenne « dure », populiste, bourgeoise, voire nationaliste, est annoncé… remettant en cause, entre autres, les législations environnementales et la transition énergétique de l’agenda de l’Union européenne. Les écologistes d’ailleurs se désolent des reculs imposés sur les questions des pesticides, des polluants éternels, des nouveaux OGM, des maladies environnementales… Les nuages empoisonnés s’amoncellent de toutes parts, et pas qu’en matière d’urgence climatique.

Dans ces circonstances où dominent le son des canons, les clameurs des foules en colère et le bruit des bottes, qui osera reprendre la parole parmi les futurs eurodéputés sur la question des PAN ? Le thème semble d’emblée secondaire, futile ou marginal. Comment la diversion créée par les OVNI pourrait-elle trouver sa place au cœur des enjeux géostratégiques actuels ? Comment avancer l’intégration des questions UFO, UAP, et UAO dans les politiques publiques européennes ? Les PAN pourraient-ils d’ailleurs devenir un facteur d’intégration et de cohésion dans l’UE ? Cette dernière question, aussi provocatrice que saugrenue, n’est pourtant pas dénuée de fondement.

UNE UE LIGUEE CONTRE LES UFOS ?

En 1987, dans son discours prononcé lors de la 42e session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le Président Ronald Reagan a déclaré : « Peut-être avons-nous besoin d’une menace extérieure, universelle, pour nous faire reconnaître ce lien commun. Il m’arrive de penser que nos différences à l’échelle mondiale disparaîtraient rapidement si nous étions confrontés à une menace extérieure à ce monde. » (25)

« PEUT-ÊTRE AVONS-NOUS BESOIN D’UNE MENACE EXTÉRIEURE, UNIVERSELLE, POUR NOUS FAIRE RECONNAÎTRE CE LIEN COMMUN. IL M’ARRIVE DE PENSER QUE NOS DIFFÉRENCES À L’ÉCHELLE MONDIALE DISPARAITRAIENT RAPIDEMENNT SI NOUS ÉTIONS CONFRONTÉS A UNE MENACE EXTÉRIEURE À CE MONDE. »

RONALD REAGAN, 40e PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Six ans après, en décembre 1993, la Commission ITRE (Industrie, Recherche et Energie) du Parlement européen adoptait à l’unanimité un rapport sur « la proposition de création d’un Centre européen d’observation des « OVNI » », une résolution individuelle portée depuis 1990 par le député européen socialiste Elio di Rupo, futur premier ministre belge. La vague belge, rappelons-le, était encore dans tous les esprits. Elle est d’ailleurs explicitement citée dans le texte adopté invitant à faire du SEPRA français l’organisme européen de référence et dont le député rapporteur était le physicien italien Tullio Regge. Hélas, controversé et très violement contesté par des eurodéputés britanniques, le rapport Regge ne sera jamais inscrit à l’agenda de la plénière de janvier 1994. Et ne sera donc jamais voté avant la fin de sa législature, survenue 6 mois plus tard…  (26)(27)

Un autre eurodéputé italien, Mario Borghezio, une figure de la Ligue du Nord, a signé en 2010 une déclaration écrite demandant « le déclassement des documents sur les PANS », jugeant « essentiel l’institution d’un observatoire scientifique chargé d’analyser et de diffuser les données scientifiques recueillies jusqu’à présent par les divers organismes et gouvernements européens ». (27) Sans suite. Trop sulfureux ? La réponse laconique de la Commission à une autre question écrite, déposée deux ans plus tôt, en 2008, par l’eurodéputé libéral chypriote Marios Matsakis (28) donne le ton : « La question des objets volants non identifiés ne relève pas de la compétence de la Commission, qui n’a pas l’intention d’y donner suite ». (29)

« LA QUESTION DES OBJETS VOLANTS NON IDENTIFIÉS NE RELÈVE PAS DE LA COMPÉTENCE DE LA COMMISSION, QUI N’A PAS L’INTENTION D’Y DONNER SUITE »

JOSÉ MANUEL BARROSO, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE

Devons-nous en déduire que l’Union Européenne, de nos jours, a besoin d’une nouvelle vague d’OVNI quelque part au sein des 27 pour forcer l’harmonisation, bousculer le statu quo politique et raviver la prise en compte des UAP dans l’UE ?

Désormais les drovnis pullulent de jour comme de nuit au-dessus des installations nucléaires, l’aéronavale étasunienne dévoile des vidéos UAP prises il y a 20 ans, et les sondes de ses avions de chasse enregistrent des mesures de performance d’engins volants défiant les lois de notre physique, confortant les appels à une ufologie instrumentale robuste et collaborative. Mais une autre réflexion s’impose, celle du français Jean Cocteau : « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur » nous suggérait le célèbre poète au mi-temps du siècle dernier. Une fulgurance à ne jamais négliger, digne des meilleurs manuels de la communication stratégique.

EN ATTENDANT LA PROCHAINE VAGUE ?

Nous savons que l’initiative politique de Francisco Guerreiro s’est accompagnée depuis l’été 2023 de contacts avec plusieurs officiels de la Commission européenne et de la nébuleuse des agences de l’UE. Et que ces mêmes officiels, invités à participer à l’événement de mars 2024, ont choisi de ne pas apparaitre et de se taire. Nous savons aussi qu’au sein du Parlement européen, plusieurs eurodéputés ont manifesté leur intérêt sur les PAN suite aux interventions de l’élu portugais du groupe des Verts, mais qu’ils ne souhaitent pas être mis en lumière. Nous savons également que la Commission des Pétitions, un organe du Parlement européen que les citoyens européens peuvent interpeller, n’a pas donné suite en 2021 à la demande de saisine qui lui a été adressée d’investiguer les observations de PAN. Pas admissible, car ne relevant « visiblement pas des champs d’activité de l’Union ». (30) De quoi, les uns ou les autres, ont-ils si peur ?

En attendant la prochaine vague de PAN, quelles options reste-t-il au lobby UFO européen ? Face au désintérêt parlementaire de façade, et au manque de volonté de la Commission européenne et des Etats-Membres de l’UE à donner des réponses concrètes et explicites, le lobby UFO européen n’a d’autres choix que de reprendre la main.

Comment faire pression pour avancer sur ce dossier encore trop stigmatisé ? Avec des rendez-vous individuels avec les nouveaux eurodéputés, en rappelant la résolution européenne déjà votée en 1993 ? Le travail récent du parlementaire Franscico Guerreiro ? La demande sociale des pilotes de lignes et des vétérans des armées de métier ? En soumettant d’autres demandes d’accès aux documents ou de questions écrites à poser ? Au gré de l’actualité internationale et des divulgations étasuniennes ? L’irlandais Chris Gaffney de l’International Coalition for Extraterrestrial Research (ICER) par exemple, s’est fait une spécialité des demandes d’accès aux documents européens via Asktheeu.org. Pas moins de 27 requêtes depuis 2021. (31)

LE 20 MARS : JOURNEE EUROPEENNE DES PAN ?

Un autre objectif intermédiaire pourrait être de faire du 20 mars 2025 une journée européenne des PAN, en présentant les résultats d’une grande étude paneuropéenne d’opinion. L’équivalent d’un Eurobaromètre de la population des 27 sur la question des OVNI ! Différents sondages nationaux sont en effet disponibles, mais rien jusqu’ici à l’échelle européenne. Tous les pays européens sont pourtant concernés a rappelé l’ufologue italien Edoardo Russo, coordinateur du réseau EuroUFO et membre de l’initiative UAP Check, intervenant le 20 mars 2024 au Parlement européen. (8)

La publication de livre blancs, de communiqués, de notes de synthèse, à la manière outre-atlantique de la Fondation SOL, égrenant les gains concrets, stratégiques, technologique et scientifique, et de leadership géopolitique, que constitueraient des annonces et engagements de l’UE sur la question UFO, serait une autre forme d’influence. N’écartons pas non plus le soutien à des programmes ou des initiatives de conférences publiques, de projets de recherche ou de Réseau européen, portés par des consortiums public/privé, type ExoProbe, SETI, Galileo Project, Sol Fondation, UAP Check…

« COMME VOUS L’AVEZ SOULIGNÉ, LES PAN SONT DES ÉVÉNEMENTS CRITIQUES QUI POURRAIENT MENACER LE TRAFIC AÉRIEN ET LA SÉCURITÉ AÉRIENNE EN EUROPE. DANS CE SENS, JE SUIS D’ACCORD AVEC VOUS POUR DIRE QUE NOUS DEVONS Y PRÊTER PLUS D’ATTENTION »

CLAUDIO GRAZIANO, PRÉSIDENT DU COMITÉ MILITAIRE DE l’UE

« Comme vous l’avez souligné, les PAN sont des événements critiques qui pourraient menacer le trafic aérien et la sécurité aérienne en Europe. Dans ce sens, je suis d’accord avec vous pour dire que nous devons y prêter plus d’attention », écrit en août 2021 le général italien Claudio Graziano, en réponse à un courrier adressé par l’ufologue irlandais Chris Gaffney. Claudio Graziano s’exprime en tant que président du Comité militaire de l’UE (EUMC), poste qu’il a occupé entre 2018 et 2022. Il poursuit : « Je dois souligner que la sécurité et la défense aériennes restent une compétence nationale stricte et que tous les pays européens ont déjà mis en place des procédures de signalement. De plus, d’un pur point de vue militaire, je rappelle que la Défense Aérienne européenne est coordonné et inséré du dispositif de défense aérienne de l’OTAN. Dans cette optique et selon le principe d’éviter les doubles emplois entre l’OTAN et l’UE, je ne vois pas la nécessité de créer une procédure ou une structure spécifique pour traiter cette question. A mon niveau, je ne peux que porter cette question à l’attention des chefs d’état-major des États membres, tout en recommandant une coordination plus étroite entre eux et un éventuel partage des données avec les institutions européennes concernées. (…) Nous avons besoin d’une plus grande prise de conscience de la part des citoyens de l’UE sur ces questions », conclut le général Graziano. (33)

L’OTAN ?  La future législation spatiale européenne ? Secret, divulgation ou désinformation ? Le grand jeu de cache-cache européen des PAN n’est pas terminé.

NOTES AND REFERENCES

(1) EuroUFO, Montage du 22 mars 2024, https://www.youtube.com/watch?v=puUeTG8_ctw&t=1s

(2) https://www.europarl.europa.eu/meps/en/197645/FRANCISCO_GUERREIRO/home

(3) https://www.msn.com/en-ie/news/world/ufos-over-europe-inside-the-eu-s-first-conference-on-unidentified-aerial-phenomena/ar-BB1kuS4I

(4) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2023-002375_EN.html

(5) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2023-002375-ASW_EN.html

(6) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2024-000314_EN.html

(7) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2024-000318_EN.html

(8) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2024-000314-ASW_EN.html

(9) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2024-000318-ASW_EN.html

(10) https://www.euractiv.fr/section/commission-europeenne/news/thierry-breton-declare-que-la-loi-spatiale-europeenne-pourrait-etre-presentee-apres-lete/

(11) https://www.europarl.europa.eu/plenary/en/vod.html?mode=unit&vodLanguage=FR&playerStartTime=20240205-21:09:18&playerEndTime=20240205-21:10:31#

(12) https://www.europarl.europa.eu/plenary/en/vod.html?mode=unit&vodLanguage=FR&playerStartTime=20240311-21:24:23&playerEndTime=20240311-21:25:27#

(13) https://www.franciscoguerreiro.eu/pt/entrevista

(14) https://x.com/fguerreiromep/status/1755268728709603599

(15) https://x.com/fguerreiromep/status/1767599351470424106

(16) https://x.com/fguerreiromep/status/1768390203926802623

(17) https://x.com/fguerreiromep/status/1770838994579837326

(18) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/B-9-2024-0194_FR.html

(19) https://www.europarl.europa.eu/meps/en/197645/FRANCISCO_GUERREIRO/other-activities/motions-indiv#detailedcardmep

(20)  https://uapcoalitienederland.nl/en/
 
(21) https://uapcoalitienederland.nl/en/knowledge-center/policies-and-regulations/
 
(22) https://www.asktheeu.org/en/search/UAP/all
 
(23) https://www.asktheeu.org/en/request/request_about_ufo_uap_and_unknow_2
 
(24) https://www.ombudsman.europa.eu/en/decision/en/159559

(25) https://www.reaganlibrary.gov/archives/speech/address-42d-session-united-nations-general-assembly-new-york-new-york

(26) https://www.uapcheck.com/news/id/2024-02-13-uap-in-the-european-parliament-part-1

(27) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/DCL-7-2010-0057_EN.pdf

(28) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-6-2008-3024_EN.html

(29) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-6-2008-3024-ASW_EN.html

(30) https://www.europarl.europa.eu/petitions-content/docs/petitions/petition-0381-2021-en.pdf

(31) https://www.asktheeu.org/en/user/chris_gaffney

(32) https://www.franciscoguerreiro.eu/pt/media/uap-check–european-commission-event-on-uap-%E2%80%93-the-historical-eu-context

(33) https://www.sundayworld.com/news/irish-news/wexford-man-recalls-close-encounter-with-ufos-that-left-him-dumbfounded/a696861738.html