2024-02-13 Les UAP au Parlement européen – Partie 2

(suite de la partie 1)


Questions parlementaires


Question du 31 janvier 2024


La question la plus récente date du 31 janvier 2024, dans laquelle l’eurodéputé Francisco Guerreiro (Verts/ALE, Portugal) fait référence à la nouvelle loi spatiale de l’UE prévue, qui prévoit des « règles communes de l’UE sur la sécurité, la résilience et la durabilité des activités et opérations spatiales« . M. Guerreiro souligne l’absence d’un processus de notification pour les PANs, qu’il considère comme une question de sécurité. Il a formulé la question suivante au Parlement européen :

  1. Pourquoi les travaux préparatoires de la législation spatiale de l’UE (EUSL) n’incluent-ils pas un système de surveillance et de notification des PANs, étant donné que les PANs peuvent constituer une menace potentielle pour la sécurité et que de tels phénomènes ont été observés dans l’espace par du personnel qualifié utilisant des instruments de précision ?
  2. S’il considère que les PAN devraient être explicitement pris en compte dans le service de surveillance et de suivi de l’espace (SST), dans le plan de recherche et de développement du SST et dans le service relatif aux objets géocroiseurs (NEO) ?
  3. Si l’EUSL envisagera (à l’instar de la NASA) un programme européen de recherche spatiale sur les PANs dirigé par un directeur de recherche ?


La Commission européenne n’a pas encore répondu à cette demande.


Question du 28 juillet 2023


Une autre demande récente remonte à l’année dernière. Le 28 juillet, une question a été soumise au Parlement de l’UE demandant des rapports et des registres sur les observations d’UAP signalées. La question fait référence à l’audition du lanceur d’alerte sur les OVNIs David Grusch en juillet 2023 et contient trois questions spécifiques :

  1. La Commission dispose-t-elle de connaissances ou de documents sur les PANs collectés par les États membres ou les agences de l’UE, telles que l’Agence de l’Union européenne pour le programme spatial ?
  2. L’Agence européenne de défense (AED) dispose-t-elle de rapports sur les PANs et a-t-elle des protocoles internes pour recevoir les rapports des États membres sur les PANs d’une manière transparente et responsable ?
  3. En ce qui concerne l’aviation civile, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) dispose-t-elle de rapports sur les PANs et a-t-elle mis en place des protocoles internes pour recevoir les rapports des pilotes et des opérateurs radar sur les PANs de manière transparente et responsable ?

L’hémicycle du Parlement européen

Une réponse à cette demande a été envoyée le 9 novembre. Elle fait référence au programme spatial européen, qui comprend des activités d’observation de la Terre, de navigation par satellite et de surveillance de l’espace. Elle souligne l’étroite coopération avec les États membres de l’UE dans le cadre du programme spatial et cite le règlement associé, qui contient des éléments et des objectifs.

Selon ce règlement, il s’agit de :
La collecte de connaissances ou de documentation sur des phénomènes anormaux non identifiés ne fait toutefois pas partie de ces objectifs.


L’Agence européenne de défense (AED) ne détient aucun document qui correspondrait au thème des phénomènes anormaux non identifiés (PAN).


Etant donné que l’AED n’a jamais travaillé sur les questions relatives aux PAN, elle ne détient ni ne reçoit de documents correspondant à la description donnée dans cette question. En outre, l’AED n’a pas de protocoles spécifiques sur cette question, qui ne relève pas de son engagement avec les États membres.

L’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) et les autorités de l’aviation civile de l’UE peuvent recevoir des rapports de sécurité sur des objets aériens non identifiés susceptibles de compromettre la sécurité de l’aviation civile.

Les comptes rendus d’événements de sécurité collectés sont stockés dans un référentiel central et analysés à des fins de sécurité uniquement. Le signalement, le stockage et l’analyse des événements de l’aviation civile sont régis par le règlement (UE) n° 376/2014 du Parlement européen et du Conseil du 3 avril 2014 concernant les comptes rendus, l’analyse et le suivi des événements dans l’aviation civile.

L’UE ne dispose donc d’aucun document ou constat sur les PANs. Il est toutefois intéressant de noter que l’Agence européenne de la sécurité aérienne et les autorités aéronautiques des pays sont informées qu’il peut y avoir des rapports sur des incidents liés à la sécurité impliquant des objets non identifiés et que ces rapports sont stockés et analysés de manière centralisée. Il n’est pas précisé si de tels rapports existent et dans quelle mesure. Il pourrait être utile de faire des recherches ou de se renseigner à ce sujet. En ce qui concerne la collecte et le traitement de ces rapports provenant de l’aviation civile, il est fait référence au règlement de l’UE correspondant, qui ne mentionne toutefois pas explicitement les objets non identifiés dans l’espace aérien.


Question du 16 mai 2008


Dans une question du 16 mai 2008, le député européen Marios Matsakis (ADLE, Chypre) a fait référence à la publication de dossiers sur les OVNI par le ministère britannique de la défense. Étant donné que les rapports recueillis n’ont pas fait l’objet d’une enquête en bonne et due forme, mais qu’il y a également eu un grand nombre d’observations au-dessus de l’Europe, la question se pose de savoir si la question mériterait une enquête par un service de l’UE :

Au risque de paraître peu sérieux, pourrais-je oser demander si la Commission pense que ce sujet mérite un examen approfondi de la part d’une autorité de l’UE, peut-être en collaboration avec d’autres agences de pays tiers (par exemple, les États-Unis et la Russie) ? Je me demande si la Commission est d’accord avec moi pour dire que le moment est venu d’accorder une attention sérieuse à la question de l’existence ou non des OVNI.

La réponse du 25 juillet 2008 est très brève. La Commission remercie l’auteur de la question et d’avoir attiré l’attention sur le sujet, mais note :

La question des objets volants non identifiés ne compétence de la Commission, qui n’a pas l’intention d’y donner suite.

Question of January 22, 2004


Une question du député européen Sebastiano Musumeci (UEN, Italie) sur la création d’un organisme communautaire chargé d’étudier les phénomènes atmosphériques inconnus a été déposée le 22 janvier 2004. Dans cette question, l’eurodéputé affirme qu’une étude sérieuse des phénomènes atmosphériques inconnus par divers centres spatiaux et de recherche de l’UE mérite une attention particulière de la part de la Commission, car il s’agit de phénomènes qui ne peuvent pas être relégués à la compétence nationale des différents États membres de l’Union. L’eurodéputé a posé la question suivante :

À la lumière de ce qui précède, la Commission ne jugerait-elle pas opportun de promouvoir et de coordonner la recherche et l’information sur les phénomènes atmosphériques inexpliqués à l’échelle européenne, en confiant éventuellement cette responsabilité à un organisme spécialisé et expérimenté tel que le SEPRA (Service d’Expertise des Phénomènes de Rentrées Atmosphériques) à Toulouse ou l’Agence Spatiale Européenne ?

Dans sa réponse du 1er mars 2004, la Commission rappelle tout d’abord qu’elle a présenté en novembre 2003 un Livre blanc intitulé « L’espace : une nouvelle frontière européenne pour une Union en expansion ». La Commission avait préparé ce Livre blanc en étroite collaboration avec la communauté scientifique et l’ESA. Dans sa réponse à la question parlementaire, elle fait notamment référence au plan d’action pour la mise en œuvre de la politique spatiale européenne. Et enfin :


Une activité spécifique susceptible d’intéresser l’Honorable Parlementaire concerne une action récemment lancée dans le contexte du 6e programme-cadre de recherche. Cette action vise à promouvoir la coopération entre les agences nationales de financement de la recherche en Europe et les organismes de recherche nationaux. Elle comprend une tâche spécifique concernant la recherche européenne sur l’énergie solaire, terrestre et atmosphérique. Cet effort devrait contribuer à améliorer le niveau de compréhension des phénomènes atmosphériques et à fournir des services de météorologie spatiale.


La réponse reste très générale par rapport à la question et n’aborde pas spécifiquement le sujet des OVNI ou le centre européen d’investigation de ces phénomènes.


Question du 17 mars 1998

Une question plus ancienne a été posée le 17 mars 1998 par le député européen Eryl McNally (PSE, Grande-Bretagne), sur la base d’une question écrite d’un électeur. Dans sa lettre, il fait référence à des observations au Royaume-Uni et en Belgique et à ce qu’il considère comme des réponses inadéquates de la part des ministères nationaux. La lettre fait également allusion à une possible dissimulation. L’auteur de la lettre souhaite donc connaître la position de l’Europe sur les objets volants non identifiés.

La question du député européen :
À la lumière de ce qui précède, quelles mesures la Commission estime-t-elle nécessaires pour rassurer les citoyens européens quant à leur sécurité en ce qui concerne les objets volants non identifiés ? Existe-t-il une politique européenne en matière d’OVNI ou une marge de manœuvre pour l’élaboration d’une politique existante ?

La réponse de la Commission à cette question a été donnée le 15 avril 1998 et a été très brève, sans plus de détails :

La Commission estime qu’elle n’est pas compétente en la matière.


L’UE et les OVNI au Bundestag allemand

Salle plénière du Deutscher Bundestag – Crédits : Thomasrichter71

En 2009, le service scientifique du Bundestag allemand a publié un rapport d’étape intitulé « L’Union européenne et son traitement de la question des « objets volants non identifiés » », qui reprend les demandes adressées à l’UE à l’époque. Le rapport commence par citer la définition commune des OVNI : « … un objet volant ou un phénomène optique (…) qui n’est pas identifiable par l’observateur ». Le terme alternatif UAP est également mentionné. Suivent des commentaires sur la politique spatiale européenne de l’époque, notamment en ce qui concerne le projet de navigation par satellite Galileo et la reconnaissance et l’évaluation de la situation à partir de l’espace. Le traitement par la France du phénomène OVNI à travers le GEIPAN, département du CNES, est mis en exergue.


Après avoir cité les différentes demandes adressées à l’UE, énumérées ci-dessus, le rapport se termine par le rapport d’étape de la ministre française de la Recherche, Valérie Pécresse, sur la politique spatiale européenne et française du 17 juin 2009, dans lequel les résultats de la sixième réunion du Conseil de l’espace sont mis en avant.


Remarques finales

Les enquêtes et initiatives citées ci-dessus montrent que l’UE, en tant qu’institution, a fait l’objet à plusieurs reprises d’enquêtes sur le thème de l’UAP, mais que celles-ci n’ont jusqu’à présent pas donné de résultats durables ou ont été rejetées. Seule la proposition de résolution de 1990 a fait l’objet d’une discussion complète et compétente sur le sujet, dont la recommandation d’introduire le GEIPAN en tant que point de contact européen central pour les observations sur les PANs n’a malheureusement pas été suivie. Il reste à voir ce qui se passera dans le contexte de la politique spatiale actuelle de l’UE et si le thème du PAN sera encore pris en compte.

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